Journal intime d’une call-girl
« La première chose que vous devez savoir sur moi, c’est que je suis une pute », lance en toute simplicité la très belle Hannah, face caméra, boucles blondes au vent, tailleur chic, montée sur des jambes interminables, avant de continuer à confier à tous les garçons de la planète, transformés pour l’occasion en loup de Tex Avery, combien ce mode de vie la comble. Et nous donc. Assistante juridique à Londres le jour — version officielle pour son entourage —, Hanna se métamorphose la nuit venue en Belle, prostituée de luxe, coutumière des soirées coquines dans des hôtels chics. A la manière d’un journal intime, très « hot », sur les pas de Bridget Jones, kilos et complexes en moins, Hanna/Belle nous fait découvrir son quotidien libertin et une profession pas comme les autres, qu’elle a choisie autant par goût de l’argent que par amour du sexe. Balayant ainsi le spectre large de la sexualité rémunérée, Journal intime d’une call-girl réussit entre autres la gageure de traiter frontalement tous les possibles inhérents à ce type de sujet (fellation, partouze, triolisme, onanisme, SM, fétichisme…) sans jamais être vulgaire, ni graveleuse. La « faute » aux scénarii, tout d’abord, accrocheurs et carrés, adaptés du récit pudique et transparent d’une blogueuse mystérieuse, Belle de Jour, qui enflamma les esprits et affola la cyber-communauté. Mais aussi au charisme et à la plastique de Billie Piper, véritable fantasme sur pattes. Sex-appeal (rechargeable) hallucinant, yeux de biche aux abois, bouche démesurée, sourire à l’avenant et corps atomique, la blonde actrice tue en travailleuse du sexe épanouie, après nous avoir fait mourir de rire dans Doctor Who. Cette fille est définitivement mortelle. Et exportable, puisque prévue pour être adaptée aux USA, la série anglaise a finalement a été diffusée telle quelle par la sulfureuse chaîne Showtime, emballée par le potentiel de la jeune femme. Calée entre Weeds et Californication, les aventures coquines de Belle ont maintenu en haleine, pour rester poli, les habitués de Nancy Botwin et Hank Moody. Et rendu les monologues du vagin enfin fréquentables.
Henri Seard