Identités remarquables : Eddy le petit âne

Un âne plane

Zarafa la girafe n’est plus seule au milieu de la faune marseillaise. Eddy le petit âne a pris ses quartiers dans la cité phocéenne et fait les présentations à l’espace Dugommier.

Eddy, petit âne tchèque à la frimousse irrésistible, aurait pu finir sa vie à Prague, tranquillement assis au milieu de ses frères et sœurs, attendant que le propriétaire d’un trousseau de clé le choisisse. Mais le destin en a décidé autrement. « Sa bouille m’a plu, je le trouvais super sympa », confie Julien, son attaché de presse/agent/photographe attitré et compagnon de voyage. « J’en avais marre de me voir toujours sur mes photos, donc je lui ai fait prendre la pose à ma place et il s’est révélé extrêmement photogénique ! » 2007, c’est le début de la gloire. « On lui a donné ce nom parce que sa petite crête me faisait penser à la banane des rockeurs. » Il s’expose dans différentes galeries et très vite, conquiert un public très varié. «Les gens ont envie de se l’approprier, surtout les enfants ! Ce qui est drôle, c’est qu’à chaque fois que le public le voit en vrai, tout le monde est surpris par sa taille, ils l’imaginent plus grand ! » On ne peut s’empêcher de remarquer une ressemblance avec le nain voyageur d’Amélie Poulain. Toutefois, Eddy et Julien se défendent d’avoir copié l’idée. « C’est sûr que l’on fait un parallèle avec Amélie Poulain mais la différence entre le nain et Eddy, c’est que nos photos ne le montrent pas juste en train de voyager, elles montrent le monde à travers ses yeux. Sa taille aidant, sa vision est différente de la nôtre et il nous pousse à voir des détails auxquels on ne fait pas forcément attention en temps normal. » Et si les deux compagnons s’accordent sur le fait que leurs photos ne changeront pas la face du monde, Julien voit tout de même dans Eddy autre chose qu’un petit âne enfantin. « Sans lui, je ne serais pas là où j’en suis aujourd’hui. J’ai toujours aimé la photo, le côté artistique, mais je travaillais plutôt de l’autre côté : organisation, administratif… Eddy m’a permis d’entrer dans ce monde que j’apprécie depuis longtemps. Et par sa présence, il m’a soutenu. Après les deux premières expos, on n’a plus rien fait et je dois dire que ça m’a miné le moral, mais Eddy était toujours là et ça m’a boosté. » Pour le Festival du Livre de la Canebière, ils ont travaillé avec le poète Benoît Martin. En résulte une mosaïque étonnante et délicate de photographies et d’haïkus. « On va continuer à travailler là-dessus, en éditant trente-six photos. Avec Eddy, on pense également à une visite de Marseille via ses yeux. On cherche des endroits particuliers de la ville pour faire ressortir ses bons et ses mauvais côtés, brouiller les pistes, montrer que l’esthétisme se trouve partout. » En attendant la prochaine expo, Eddy a déposé sa marque et son logo, et s’attelle à réaliser l’un de ses rêves : s’exposer au cinéma Les Variétés.

Aileen Orain

Julien Ruols – Eddy / Mises en demeure #1 : jusqu’au 16/06 au centre Dugommier (12 boulevard Dugommier, 1er).
Rens. www.eddylepetitane.fr / www.facebook.com/eddylepetitane