Jusqu’en enfer – (USA – 1h56) de Sam Raimi avec Alison Lohman, Justin Long…
Que diable !
Que pouvions-nous espérer de Sam Raimi après la trilogie des Spiderman ? A vrai dire, pas grand-chose tant l’homme semblait avoir pris en quelques années ses distances avec le cinéma de genre sans budget, la forme de cinéma qui lui sied le mieux… Mais, probablement lassé des araignées poids lourds, le réalisateur d’Evil Dead a fait marche arrière, retournant aux sources pour respirer un grand coup. Avec cette parenthèse « micro film fauché », Sam Raimi retrouve donc des ailes, des idées, de l’inventivité vintage et offre un sympathique et angoissant Jusqu’en enfer. Le film se laisse voir, fonctionne parfois à merveille et met le spectateur en surchauffe totale dès que l’on entre dans le vif du sujet. Les séquences où la blonde Alison Lohman doit affronter le Diable filent vraiment les jetons… y compris à ceux qui ont tout vu et tout entendu. Bien plus à l’aise en compagnie des démons qu’avec Peter Parker, Sam Raimi joue avec nos nerfs, usant à outrance de ses close-up tordus et de ses labyrinthiques plans caméra à l’épaule — plans par ailleurs sauvagement soutenus par un montage sonore (bruitages et musique) impeccable. Raimi balade la théorie selon laquelle dans un film d’horreur, à un instant X, ce qu’on suppose arrive. Ici, à l’inverse, jamais ce qu’on a imaginé (ou pas) ne se passe au moment où on l’a imaginé (ou pas). Le tout à trois cents à l’heure. Ajoutez à cela un second (voire un treizième) degré qui autorise des va-et-vient incessants entre les différents tons du film et le spectateur malmené nage en plein délire (vive les boucs !)… Alors bien sûr, Jusqu’en enfer souffre d’un nombre incalculable de réminiscences « evildeadiennes » et de patinages artistiques involontaires dans les scènes de comédie pure, mais qu’importe. Ce long métrage revigorant, impertinent et, au fond, assez critique vis-à-vis d’une société en crise, inquiète et néanmoins rassure…
Lionel Vicari