King Guillaume – (France – 1h30) de et avec Pierre-François Martin-Laval, avec Florence Foresti, Pierre Richard…
Sa majesté m’ignore
King Guillaume fait partie de ces films pétris d’une foule de bonnes intentions que le critique bienveillant aurait sincèrement voulu aimer. Pourtant, au bout d’une heure et demie d’un spectacle plus que poussif, force est de constater que le dernier film de PEF foire allègrement la totalité de son programme comique, ce qui n’est pas rien quand on dispose de cartouches aussi royales que Terry Jones et Pierre Richard au générique. Car ce King-là est sans doute mort de n’avoir pas su dépasser ses riches influences (des Monty Python au burlesque lunaire d’un Tati) pour avancer une vraie proposition cinématographique. Résultat : cette histoire d’île peuplée de pleutres bras cassés, cédée à un bon bougre et à sa femme, finit par dissoudre tout son potentiel absurde dans une suite de gags au mieux convenus, au pire d’un vide sidéral. Pour réussir son pari, il aurait peut-être fallu que PEF accepte, comme dans la scène inaugurale, de laisser s’ébattre ces corps comiques disparates et de confronter leurs vitesses, quitte à créer un déséquilibre salutaire. Au lieu de ça, son King Guillaume ressemble au quartier résidentiel dans lequel vit le couple du film : il respire la sécurité et le confort, ce qui n’est jamais bon signe quand il s’agit d’humour. Reste alors Pierre Richard, immense acteur de cinéma, seul être capable d’incarner tragique et burlesque dans un même mouvement de cils. Personne d’autre que lui ne peut prétendre à une aussi belle simplicité. Quand à PEF et Foresti, ils ont encore du pain sur la planche.
H.V. Bakshi