Kino Kabaret au Comptoir Toussaint-Victorine
Les chemins de la liberté
Issue du courant international Kino, la structure marseillaise Kino Fada s’inscrit dans l’héritage du self made product pour convier le public phocéen à découvrir, dans les locaux des Têtes de l’Art, les œuvres de jeunes réalisateurs réunis par la même passion du cinéma.
De simple phénomène de foire ou de terrain d’expérimentation scientifique, le cinéma est rapidement devenu, à l’orée du XXe siècle, une industrie en plein essor. Les mécanismes humains, techniques et économiques sont devenus tels que faire un film était déjà une entreprise colossale, au détriment, parfois, d’une certaine forme de spontanéité. Dans son histoire, le cinéma a ainsi régulièrement fait preuve de nouvelles formes de liberté qui échappaient aux contraintes du genre, en parallèle avec l’évolution des techniques. On pense aux films Dada, au Free Cinéma anglais, à la Nouvelle Vague française, au cinéma direct, à l’expérimental new-yorkais de la fin des 60’s, jusqu’aux expériences plus radicales, et auto-produites, d’un Jean-Jacques Rousseau en Belgique ou d’un Moncef Kahloucha en Tunisie, en passant par la vague récente des films suédés. « Faire bien avec rien, faire mieux avec peu, mais le faire maintenant », telle est la devise du mouvement Kino, qui s’inscrit lui aussi dans une démarche de réalisation immédiate, affranchie des lourdes contraintes de l’industrie cinématographique. Ce collectif international, ayant vu le jour au Canada, réunit une pléiade de vidéastes et de passionnés de cinéma, dont le désir créatif n’a d’égal que l’ingéniosité à contourner le carcan matériel du processus de création. Une démarche qui prend corps lors de grandes messes régulières, appelées Kino Kabaret, où le public est invité à découvrir durant de longues séances marathons l’essentiel de la production made in Kino. La cité phocéenne est dotée de sa propre structure, Kino Fada, qui organise, dans les règles de l’art, un premier Kino Kabaret prometteur dans les locaux du Comptoir Toussaint-Victorine. Au menu, deux grandes sessions de projections, de quarante-huit heures, puis soixante-douze heures, accompagnées de deux tables rondes autour de la production des films. Antoine Barry et son équipe tentent ainsi, à Marseille, l’expérience commune d’une grande réunion printanière, où l’inventivité cinématographique se mêlera à l’échange public/vidéastes autour d’œuvres iconoclastes, drôles, azimutées et libres. Simplement vivantes.
Emmanuel Vigne
Kino Kabaret : du 28/04 au 4/05 (projections les 30/04 et 4/05) au Comptoir Toussaint-Victorine (29 rue Toussaint, 3e).
Rens. www.kino-fada.fr