Kino Visions
Tour de Rhin
L’équipe de Kino Visions, festival du cinéma en langue allemande, vient depuis cinq années nous offrir un bien inestimable : celui de découvrir une production peu présente sur les écrans hexagonaux, et cependant passionnante.
L’Allemagne est en quelque sorte un paradoxe européen dans la création cinématographique. Près de deux cents films y sont produits chaque année, ce qui reste considérable, mais peu d’entre eux parviennent à franchir la frontière. De nombreuses œuvres, exigeantes et belles, sortent tous les ans, or les salles estampillées art et essai se sont réduites comme peau de chagrin outre-Rhin. Malgré quelques acteurs stars et une poignée de films qui ont connu une carrière internationale, le cinéma allemand reste indéniablement tourné vers son marché national, en l’occurrence télévisuel, principal financeur. Nos possibilités d’embrasser le dynamisme d’une nouvelle génération de cinéastes sont toujours trop rares, et il est heureux que des événements type festivals nous offrent l’occasion de telles découvertes. C’est le cas, à Marseille, avec la manifestation cinématographique Kino Visions qui, pour sa cinquième édition a sélectionné près d’une dizaine de longs-métrages allemands inédits sur nos écrans. Du 24 au 29 septembre, à la Baleine, aux Variétés, au Gyptis, au Videodrome 2 et au Mucem, un panorama du cinéma contemporain d’outre-Rhin se dépliera sous l’égide du cinéaste Andreas Dresen, formé en RDA, réalisateur de nombreux films trop peu distribués en France — hormis, parmi une poignée d’autres, le délicat Un été à Berlin — et parrain de cette cinquième édition. Le Videodrome 2 démarrera d’ailleurs les festivités avec une œuvre du cinéaste plus ancienne, Grill Point. Suivront la projection exceptionnelle en salle de la série allemande Babylon Berlin, la séance du dernier opus d’Andreas Dresen, en collaboration avec le Goethe institut, Gundermann, la découverte de J’étais à la maison, mais d’Angela Schanelec, dont on se souvient du très beau film Marseille, regard d’une jeune Allemande sur la cité phocéenne. Sans oublier la projection des films Little Joe de Jessica Hausner ou Danser avec les toiles du grand Alexander Kluge. Le souci de l’équipe organisatrice reste par ailleurs de présenter chaque séance avec une ou un invité, pour le plus grand plaisir du spectateur curieux d’une production trop mal connue dans l’hexagone.
Emmanuel Vigne
Kino Visions : du 24 au 29/09 à Marseille. Rens. : http://kinovisions.blogspot.fr
Le programme complet du festival Kino Visions ici