Kiwi présenté à la Minoterie.
Salade de fruits, jolie, jolie…
Fruit de la rencontre entre l’auteur québécois Daniel Danis et le cinéaste belge Benoît Dervaux, Kiwi mêle une histoire acide au fruité d’une mise en scène originale.
Dans une mégalopole lambda, la venue des Jeux Olympiques amène le gouvernement en place à raser les bidonvilles et nettoyer la racaille. Kiwi, douze ans, qui vit avec son oncle alcoolique et sa femme, va connaître tour à tour l’abandon, la prison, l’évasion puis la prostitution. Adoptée par une nouvelle famille, celle des enfants des rues aux noms vitaminés (Litchi, Tangerine, Céleri, Pamplemousse, Mangue, Papaye, Noisette…), Kiwi découvre de nouvelles lois : le mensonge, le vol, le mariage arrangé aussi… La survie en somme. Tout ceci dans l’unique but d’avoir une maison douillette, où le froid ne pourra plus jamais lui « croquer les orteils ».
Entre conte terrible et réalité tragique, théâtre et cinéma, littérature et technologie, cette tragédie, portée par une violence sourde mais empreinte d’espoir et pleine d’humanité, oppose avec brio la soif de survie à la dureté de la vie. La poésie opère, via l’utilisation de la vidéo en direct — qui agit tel un supplément d’âme, la caméra infrarouge captant les moindres émotions — et une interprétation époustouflante. Avant-gardiste, cette utilisation des nouvelles technologies permet de plonger le spectateur dans une nouvelle forme de théâtre presque interactif, associant la rapidité des images à un récit haletant. Un art nouveau…
Texte : Pascale Arnichand
Photo : Krista Boggs
Kiwi était présenté du 12 au 14/02 à la Minoterie.