L’entretien | Mathias Richard
Poète, musicien, éditeur, performeur, Mathias Richard a longtemps exploré les différentes trajectoires que peuvent la voix et le texte. À travers tout, vaste ensemble de textes aux énergies diverses qui retrace six ans de vie à Marseille, oscille constamment entre musique et littérature. Nous revenons avec lui sur la parution de ce qu’il définit comme son livre-testament, paru aux éditions Tinbad.
Tu a intitulé ton dernier ouvrage À travers tout, que tu décris comme un livre «testament». Pourquoi cette formulation ?
En fait, le titre n’a pas été décidé avant. Il a petit à petit fait évidence lorsque je me suis aperçu que ce que je faisais n’était pas un livre mais des tentatives d’aller le plus loin possible soit par des écrits, soit par des performances, soit par des actes. Petit à petit, tout ça s’est accumulé et il y a un moment où j’ai commencé à penser avec ce titre, temporaire à l’origine mais finalement, il me semble encore aujourd’hui le meilleur titre possible. C’est bien pratique parce quand on te demande « C’est sur quoi ton livre ? » je réponds « Eh bien, sur tout » (rires). Je voulais explorer la multiplicité des sentiments aussi bien que des situations possibles. J’aime autant exprimer la joie totale que le désespoir, et toutes sortes de nuances, dans le sens mais aussi dans la forme. Il y a des textes très différents, et ça peut dérouter le lecteur car il y a plusieurs livres dans ce livre, que j’aurais pu diviser. À travers tout, en fait, c’est déjà un acte, il y a quelque chose de la performance de soi.
Dans le sommaire, tu expliques notamment ces formes littéraires et comment elles te sont apparues. Est-ce une volonté de donner des clefs d’interprétations aux lecteur·ices ?
Pour moi, il y avait cette importance, peut-être pour qu’on ne croie pas que c’est n’importe quoi, mais au contraire qu’il y a des lignes très fortes, et qui ont mis des années avant d’aboutir. C’est une forme de transmission totale. Il ne s’agit pas pour autant de diriger la pensée du lecteur, parce que je pense que les bonnes explications me dépassent totalement.
À quel type de public tu souhaites t’adresser ?
Cela peut paraître fou, étant donné que je publie un ouvrage de poésie, qui est un genre très peu populaire, mon but est de m’adresser au plus de gens possible, même si je suis souvent renvoyé à mon étrangeté. Rien ne m’a jamais autant touché que l’on me fasse remarquer que je parle pour les autres, notamment en pays étranger, de la part de gens qui sont vraiment d’autres cultures ou d’autres âges. Mon but n’est pas forcément de m’adresser à des spécialistes du domaine et c’est peut-être pour cela que je fais de la performance, que je passe par l’oral, afin de m’adresser le plus directement possible ; soit par des textes pour être performés, qui sont vraiment des paroles vers l’autre ; soit par des textes qui paraissent plus complexes, que j’appelle les syntextes (ou « prenssées » dans le livre). Souvent, ce sont des écrits qui ont d’abord été des paroles, que j’ai ensuite notées, ou des textes assez courts destinés à un usage internet, des condensés de phrases. Je pars du principe que la personne ne va pas prendre beaucoup de temps, donc il faut qu’en une page maximum, elle vive quelque chose.
Quelle importance a la musique dans ton travail, comment a-t-elle insufflé ton œuvre ?
L’importance de la musique dans mon travail et ma vie est extrême. Je pense vraiment que, sans la musique, la vie serait une erreur. Mon premier livre publié, Musiques de la révolte maudite, y était d’ailleurs consacré. J’ai toujours eu l’impression qu’il fallait que je réponde à cette force qui m’entoure depuis mon plus jeune âge. J’ai toujours eu du mal à choisir parce que j’ai ce double profil. Pendant longtemps, j’ai été écrivain-poète d’un côté et de l’autre chanteur-musicien. Deux vies parallèles que j’ai décidé de faire se rejoindre, à travers la création d’une forme de poésie sonore. Dans ce livre, on a parfois du mal à se dire si c’est de la littérature ou de la musique pour certains textes. Certains, que j’appelle « Poetry Body Music » sont quasiment de la musique ou de la danse. J’ai quand même voulu qu’ils soient présents dans le livre parce que c’est une forme de témoignage de pratiques que j’anime hors du livre. Parfois, il s’agit de pensées qui ont été écrites en écoutant de la musique très fort, une autre influence qui se rapproche de la transe. Mais la présence permanente de la musique est aussi liée à Marseille. Je l’utilise comme bouclier, notamment parce que j’évolue dans des endroits et des logements très bruyants. C’est parfois aussi une façon de me concentrer ou me couper de l’extérieur.
Ce livre a d’ailleurs été entièrement écrit à Marseille…
Effectivement, presque tout a été écrit, exprimé et performé d’abord à Marseille. Je ne veux pas qu’on le résume à cette ville, mais c’est vraiment un livre qui la transpire, l’aime et déteste à la fois. J’ai vécu à la Capelette puis en plein centre-ville au-dessus de l’Asile 404 (rue d’Aubagne). Quand ça a ouvert fin 2012, je me suis mis à performer là-bas. C’était absolument fantastique pour moi parce que j’arrivais de Paris où je ne trouvais plus de lieux. Il fallait que j’aille dans des bars ou des boîtes de nuit branchées, des drôles d’endroits pour faire des performances… L’Asile 404, dont les portes étaient constamment ouvertes, n’était pas un petit milieu fermé d’artistes. Je me retrouvais à performer face à des gens qui n’en avaient vraiment rien à foutre ni de la poésie et de l’art. C’était à la fois une épreuve mais aussi un très bon critère. Ce lieu m’a vraiment aidé à travailler et grandir, à appliquer directement mon art. L’illustration de la couv’ du livre a d’ailleurs été créée par Olivier Gomel (aka Nora Neko), qui fut un des directeurs du lieu. J’ai également eu la chance de co-sous-louer une cave dans un ancien garage automobile, avec des groupes de rock, techno et musiques africaines, quartier Saint-Pierre. Cet endroit a été extrêmement important pour moi. J’y allais, je branchais mes micros et j’essayais d’aller le plus loin possible dans la création, enfermé dans cette cave en sous-sol. C’était très solitaire et ambitieux à la fois. J’avais la possibilité d’y travailler chaque jour-nuit, et en même temps d’avoir le centre-ville de Marseille où je sortais comme un diable de ma cave pour appliquer directement ce que j’avais créé. J’ai développé un rapport très intime avec cette cave qui m’a permis de devenir le poète que je suis.
Quel rapport entretiens-tu avec cette Marseille dans ton processus de création ?
Le hasard m’a amené dans cette ville il y a environ dix ans. Marseille a été une révélation, j’avais besoin de tout changer dans ma vie, et elle représentait un ailleurs. C’était à la fois très dangereux et enthousiasmant. Même si je trouve que c’est une ville très dure, elle m’a aussi fait écarquiller les yeux. Ce que j’ai adoré à Marseille, c’est le sentiment que ça résistait à ma compréhension, et là, dans cette ville pas du tout droite, il m’est arrivé de faire des errances. Je la considère comme un Far West, parce que pas grand-chose n’y est respecté, qu’on peut se faire écraser (littéralement), et en même temps, contrairement à la plupart des autres villes françaises, beaucoup de choses sont encore en mouvement, en construction. On a le sentiment que tout n’y est pas encore figé. Je me suis toujours dit que la littérature doit se confronter à la violence du monde. Être dans des circonstances et des environnements difficiles, ce n’est pas ce que je veux vivre en tant qu’humain mais en tant qu’artiste, ça m’a amené à trouver une certaine justesse. J’essaie de parler pour ceux qui ne peuvent pas parler, ceux qui n’ont pas forcément les mots car ils sont trop dans la souffrance, ou qui n’auront jamais l’occasion de le faire. Sinon l’art serait juste un privilège de gens qui vivent dans le confort. Ce livre c’est donc aussi une forme d’hommage à Marseille, même si c’est un hommage avec des griffes ou des dents. Il n’aurait pas été le même si je n’avais pas été ici, dans cette ville particulière, très à vif, où tout est possible.
Quelles difficultés as-tu rencontré, notamment dans le processus d’édition ?
Ce qui a été plus difficile pour moi c’est que, quand le livre a été accepté, cela faisait déjà un certain temps que je l’avais terminé (s’il a été achevé en 2019, le gros a été créé en 2016). C’est toujours compliqué dans ce secteur, il y a des années qui se passent, alors que nous, on est déjà dans l’après et l’après de l’après ! Au moment où le livre devait paraître, il y a eu la crise du Covid. Comme les éditions Tinbad ne voulaient pas le sortir au vu des restrictions sanitaires, cela a encore plus décalé sa sortie. J’ai même écrit un autre livre en attendant : 2020 : L’année où le cyberpunk a percé qui paradoxalement est sorti avant celui-ci. C’était histoire de survivre en attendant.
Tu as édité cet autre livre, 2020 : L’année où le cyberpunk a percé, avec Caméras Animales… S’agit-il d’une autoédition ?
En quelque sorte puisque je co-dirige cette structure d’édition. Caméras Animales est à l’origine une maison d’édition co-créée en 2003 à Tours, avec mon frère, le poète François Richard, puis reprise par moi à Montreuil/Romainville (93) puis à Marseille, avec Nikola Akileus, basé à Cherbourg. Cette petite maison est une façon de faire exister des livres et des choses qui n’existeraient pas sinon. J’ai hérité de la culture Do It Yourself (DIY) qui est courante dans la culture rock et punk. Il y a moins cette gêne à faire des choses soi-même. Je me dis que si chaque artiste mettait dix ou vingt pour cent de son temps à aider et défendre d’autres artistes, cela serait très positif et enthousiasmant, généralement.
Éditeur, donc, mais tu es également performer. Peux-tu décrire ta pratique?
Elle est très liée au livre À travers tout. C’est peut-être la pratique qui me permet de faire le lien entre musique et écriture puisque très jeune, j’ai été très marqué par le rock, sans pouvoir dire qu’il s’agissait de « performance ». Les plus grandes histoires que j’ai vécues, c’était probablement lors de concerts, des expériences presque religieuses ou collectives. Je pense que ce que j’ai vu dans le rock (en particulier chez les chanteurs) m’a ensuite sensibilisé à la performance. Quand on vient du rock ou du punk, la performance, c’est un peu le minimum syndical : il faut qu’il se passe quelque chose même si c’est une catastrophe. La notion de performance est presque naturelle quand on vient de cette scène. Par la suite, ça m’a paru un peu étrange parfois d’ouvrir mon livre et de le lire lors de lectures. Je me suis dit que ce n’était pas le même art d’écrire des livres et de les dire pour un public, qu’il y avait là un malentendu. Cela m’a poussé à écrire des textes qui soient faits pour ces moments-là, à voix haute : avant des lectures, je recrée mes textes au préalable pour les adapter à la lecture publique, à la production vocale. J’ai toujours eu cette idée que les textes qui doivent être dits ne sont pas les mêmes que ceux qui sont écrits. J’ai l’impression de l’avoir toujours eue, cette histoire de performance — je crois que sinon ça m’ennuyait — d’abord avec la voix et le son puis avec les actions, les gestes, la danse, les tremblements, le corps, voire les objets, l’habillement et des prothèses technologiques. Il fallait que la lecture comporte une dimension sonore, gestuelle, dansée. Parfois confrontationnelle. À la limite de la transe. Une dimension animale.
Comment décrirais-tu la performance ?
Il faut qu’il se passe quelque chose et que, dans mon cas, cela dépasse le texte uniquement. C’est beaucoup lié à la voix et la danse. Il y a des performances improvisées, des performances très préparées (presque formatées et robotisées, mais détraquées !). Je fais plutôt partie des performers avec textes mais peux m’en éloigner. J’ai juste du mal à ne pas utiliser la voix tant c’est essentiel. Il y a plusieurs types de performances, avec les autres, en interaction avec des danseurs, des musiciens, des performeurs etc., ou bien en solo. J’ai développé différentes machines, soit différents systèmes de performance. Vokal_ par exemple, où à chaque phrase différente ça change complètement de sens, de ton, de position, de façon de parler. Au contraire avec la Poetry Body Music (PBM), plus influencée par la techno, je me mets dans une sorte de transe rythmique. Il y a aussi des textes qui sont vraiment des adresses à l’autre comme Je veux être illuminé ou Est-ce que l’espace peut craquer, où je me mets à répéter quelque chose jusqu’à ce que survienne une explosion générale. Des fois je n’arrive pas à la terminer. Récemment, à la librairie Histoire de l’Œil, c’était un mélange de plusieurs textes, de la PBM, et de la danse.
Y vois-tu un aspect politique ?
C’est vrai que la politique est toujours présente mais pas forcément de façon explicite. Parfois, c’est l’acte en lui-même qui est politique. La politique peut être un discours mais, dans mon cas, c’est plutôt par les situations ou le fait d’être dans la rue. De créer parfois des brisures mais aussi parfois de rassembler les gens. Que ce soit dans la performance, la lecture ou la musique, mon but c’est de faire traverser quelque chose, de les émouvoir, qu’il y ait un avant et après. Moi qui n’ai pas eu d’éducation religieuse, je crois qu’il y a quelque chose de l’ordre du sacré, de la transformation dans le sens où j’ai besoin qu’il se passe quelque chose de collectif. Si tout se passe bien, mais que tout le monde est indifférent je considère que c’est un échec. J’essaie de faire quelque chose pour dépasser la situation. Et c’est pour cela aussi que ce livre évoque le thème du changement, de la transformation.
On y perçoit également comme une distorsion du temps dans tes textes.
On peut rapprocher cela de la musique effectivement. Il y a un travail sur le temps, la vitesse, la compression, la répétition, avec des textes qui sont soudainement une suspension du temps. On va prendre quelque chose, on va l’étirer : le vertige, l’illumination, la nuit, la respiration, le calme, le craquage, une attraction, un désir, un geste, un élan, la solitude, l’impossibilité… On va s’arrêter sur quelque chose et on va devenir complètement fou. Je pense que dans la création, il faut qu’on traverse quelque chose qui ne soit pas toujours agréable mais quelque chose que l’on vive vraiment. Les œuvres qui m’ont le plus marqué parfois n’ont parfois pas été faciles à vivre, voire m’ont contrariées mais elles m’ont bouleversé et je m’en souviens encore. Inversement, avec les « syntextes » (textes synthétiques), pressés comme des fichiers compressés, au lieu de faire une seule idée qui est répétée sur des pages, chaque phrase est issue de semaines de travail, littéralement. Elle sera un condensé de centaines de pages et d’idées que l’on a eues pendant des mois. C’est une façon de compresser le temps, comme des trous noirs dans la littérature, cinquante phrases sélectionnées parmi mille phrases qui viennent s’assembler pour faire une sorte de discours étrange, machinique. Dans mes performances vocales, je passe très rapidement d’une phrase à l’autre, d’un sens à l’autre, d’une façon de parler à l’autre. C’était une façon de faire vivre en accéléré des émotions et des sensations aux gens en face de moi. Mais aussi une réaction au monde contemporain, où l’on est bombardés d’informations, saturés, brouillés, en en faisant un boomerang de sens.
Tes inspirations principales ?
Bon, maintenant, j’ai un âge vénérable (rires). C’était quand j’étais plus jeune que c’était important, les influences. Je crée depuis tellement longtemps que j’ai créé mon propre univers, je n’ai plus d’influence directe, même si le fait de fréquenter une scène littéraire artistique m’influence. Les plus importantes ont été celles que j’ai reçu adolescent, ou autour de mes vingt ans. Et au final, c’était plus sur le sens de la vie, une forme d’élan et d’éveil, et d’attitude, et d’exigence, voire de jusqu’au-boutisme, à avoir que sur un mode de création ou d’écriture précis. J’ai été littéraire très jeune, mais c’était vraiment une distraction. C’est en découvrant la poésie que je me suis rendu compte que dans la littérature, il se jouait quelque chose de plus important, quelque chose d’existentiel. Je l’ai découvert avec Artaud, Rimbaud, la Beat Generation (Burroughs, Kerouac, Ginsberg), Michaux. Avec Lautréamont, qui m’a profondément marqué, qui disait des choses terribles, mais dont on a l’impression qu’il était en train de rire en même temps. Bataille et toutes les avant-gardes du XXe siècle, les grands contestataires, le Lettrisme… Proust m’a montré un autre extrême de la littérature, il a été le plus loin qu’on puisse, dans une certaine idée qu’une sensation peut être exprimée en dizaines de pages. Sade m’a marqué différemment, comme une sorte de vérité terrible sur l’humain, non pas une admiration mais comme une mise en garde. Dans tous les cas, ce sont des gens, souvent, qui dépassent leur domaine. J’ai mis du temps à comprendre que je suis plus intéressé par les humains que par les artistes. Les rencontres m’intéressent plus que des œuvres d’art, c’est pour cela que je suis touché par les œuvres-vies. De l’autre côté, évidemment la musique m’a créé des modèles au point que j’avais ce cliché de mourir jeune, à vingt-sept ans comme les rockeurs, et puis après à trente-trois ans, à trente-sept ans… Maintenant il y a plus que Burroughs qui est mort à quatre-vingt-treize ans, mais j’ai envie de vivre vieux (rires). À l’époque, il y avait ce romantisme. Parmi les modèles il y eut Iggy Pop, Jim Morrison, Captain Beefheart, le psychédélisme, la musique indienne, Malicorne, puis Noir Désir, Sonic Youth, Mercury Rev, Headache, Nine Inch Nails, Deity Guns et plein de « sans noms »… J’ai grandi dans la scène alternative des années 90, à la fois rock et hardcore-punk, et rap, et coldwave, et indus… J’essaie de mettre quelque chose de ça dans la littérature, notamment la notion de partage et d’intensité.
Tes projets en cours ?
J’ai décidé d’arrêter d’écrire après À travers tout. Mais c’est comme une machine, cela ne s’arrête pas comme ça, comme une galaxie qui se ralentit. J’ai notamment un autre livre en cours temporairement baptisé Trisomie 2021. J’ai surtout un projet musical que je vais faire tourner d’abord à Marseille. Il s’agit de chansons rock en mon propre nom, clavier en bandoulière avec boîte à rythme. Cela me tient à cœur dans ma trajectoire d’être avec le public en partage le plus direct possible. J’ai enregistré un album qui vient de sortir sur Internet, il s’appelle Chansons, et je me prépare pour des premiers concerts aux 9 Salopards (jeudi 16 mars), puis à l’Embobineuse (date à définir), et bien d’autres.
Propos recueillis par Laura Legeay
Mathias Richard : en concert le 16/03 au 9 Salopards (2 rue Crudère, Marseille 6e).
Rens. : www.facebook.com/les9salopards
À lire : À travers tout (Tinbad éditions)
Pour en (sa)voir plus : https://mathias-richard.blogspot.com