La bande dessinée : tour d'horizon

La bande dessinée : tour d'horizon

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La France planche sur la BD

La petite sœur de la littérature prend chaque année de plus en plus de galon. Après un essoufflement du marché il y a quelques années, les comics, mangas et autres blogs BD ont ramené un peu de sang neuf à cet art… et permis une remontée des ventes.

Qu’il semble loin, le temps où la bande dessinée était un genre réservé aux enfants ! Créée en 1827 par le Suisse Rodolphe Töpffer, la BD est aujourd’hui considérée comme le Neuvième Art. Depuis plusieurs années, elle ne cesse d’asseoir sa notoriété par un accroissement exponentiel des ventes. Le marché ne semble pas connaître la crise. Publiant de plus en plus de titres différents (plus de 5000 l’an passé), les éditeurs arrivent à toucher un large public, s’assurant encore de belles années en perspective. Depuis l’an 2000, la production n’a cessé de croître grâce aux albums étrangers, notamment japonais et américains.
Dans les années 80, une vague américaine souffle sur la France avec l’arrivée des comics, ces bandes dessinées consacrées aux super-héros, avec en tête les deux éditeurs DC Comics et Marvel. Productrices de monuments comme Batman et X-Men, ces deux maisons ont réussi à implanter dans l’hexagone un nouveau style de bandes dessinées qui a surtout conquis les adolescents. Preuve de l’importance du genre : un original de Spider Man, qui à l’époque coûtait douze petits cents, est aujourd’hui vendu plus d’un million de dollars… L’arrivée des comics a également permis la découverte de l’héroïc-fantasy, avec en tête de gondole Conan le Barbare, créée dans les années 30. Ce nouveau style conquiert quant à lui un public plus mûr. Aujourd’hui encore, il conserve une place très importante dans le marché, avec par exemple la série Lanfeust, l’une des plus grosses ventes françaises du genre.
Lassée des albums franco-belges plébiscités par les baby-boomers, la nouvelle génération se tourne dans les années 90 vers les mangas, qui comptent pas moins d’une vingtaine de styles différents et touchent tous les âges, les sexes et les goûts, contrairement aux productions françaises et américaines que d’aucuns trouvent élitistes. Le succès des mangas s’appuie particulièrement sur celui des sh?jo (pour jeunes filles), des sh?nen (pour jeunes garçons), des kodomo (pour jeunes enfants), ou encore des hentai (mangas pornographiques). L’explosion du marché en 1996 redonne un nouveau souffle à une BD française en perte de vitesse. Grâce à plusieurs séries emblématiques telles que Ken le survivant, Nicky Larson, Cat’s Eyes et bien sûr Dragon Ball, certains éditeurs comme Glénat ou Kana se font une place au soleil avec vingt-quatre pour cent de part de marché…
Depuis quelques années, malgré la production qui s’accroît, les ventes se tassent. La faute à la crise bien sûr, mais surtout à Internet. En effet, de nombreux jeunes artistes créent des blogs BD afin d’exposer gratuitement leurs strips (petites histoires en quelques cases). L’explosion de ces blogs (près de 15 000) a attiré les éditeurs, qui n’hésitent plus à les publier, comme en témoigne l’ascension des Margaux Motin, Penelope Jolicoeur, Diglee, Maliki, Boulet ou la Marseillaise Lisa Mandel… Surfant sur la vague du numérique, certaines maisons d’édition proposent même des bandes dessinées uniquement téléchargeables sur tablettes numériques. La BD numérique n’en est qu’à ses balbutiements, mais le potentiel est énorme.
La région PACA n’est pas en reste, notamment via le succès des éditions toulonnaises Soleil, qui ont acquis une certaine renommée grâce à Lanfeust de Troy. Un de leurs titres-phares, Sky Doll, a même été récemment nominé aux Eagle Awards (l’équivalent BD des Oscars). Entre une maison d’édition en pleine expansion (Même Pas Mal – voir plus loin), un fanzine de belle facture (Anachronique), une flopée d’auteurs brassant tous les styles (Arleston, Laurent Elcé, Kamel Khelif…) et quelques magasins spécialisés (la Réserve à Bulles, le BD Store, L’Ombre de Marx…), Marseille ne se contente pas de jouer les figurants. Ici comme ailleurs, pas de doute, la bande dessinée a encore de beaux jours devant elle.

Texte : Charlène Tavares
Dessin : Je suis super de Valparess