La beauté des restes : jusqu’au 28/11 à Arteum
Quand la beauté n’est pas en reste…
Le Musée d’art contemporain de Châteauneuf-Le-Rouge (d)étonne avec une expo collective à la fois drôle et éclectique. Ou comment les rebuts ou matériaux pauvres viennent tinter dans la tirelire imaginaire des arts plastiques.
Tous un peu fêlés, les quelque douze plasticiens réunis ici nous ravissent par l’éclectisme et la force d’assemblage des petits riens détournés. « Autant de questions, d’invitations au rêve que ces artistes nous proposent dans un élan créateur qui ne connaît pas de règle ni de contingence… de marché, de tendances ou de modes. Leur “récolte élémentaire” faite à partir de “restes” du quotidien est là pour enrichir notre mémoire tant par l’allégorie, la métaphore ou le registre symbolique dont se nourrit toute œuvre d’art, du moins celles que nous aimons. Ce sont des arpenteurs du monde. Ce sont des “passeurs”… dont nous ne saurions nous passer tant leur constructions savantes sont attentionnées, pleines d’une intention, voire d’une affection particulière qui nous va droit au cœur » décrit très justement Pierre Vallauri, le Président d’Arteum. Ce dernier s’est souvent déplacé dans les ateliers avec Christiane Courbon, commissaire de l’exposition et critique d’art : une approche, toute en nuances, à travers les textes qui ponctuent le parcours, démontre un grand respect dans la restitution des démarches. Parmi les collectionneurs contribuant à diffuser le vivier, les époux Sotta ont vraisemblablement influencé le choix des participants car on rencontre nombre de leurs chouchoux. Sabrina Gruss fait resurgir les ossements voués à la terre… Naissent alors des personnages d’une grâce inquiétante. Ceux de Petra Werlé sont facétieux : ils ne mangent pas de (mie de) pain et ne sont pas à piquer des hannetons ! Quant à Jean-Jacques Ceccarelli, quand Jeanne Gérardin roule ses bouts d’étoffes et qu’Odon tisse, il nous déroule des binômes de torchons dans lesquels l’usure se poétise. Brice Mathey, petit-fils spirituel de Tinguely, a compris que bien des drames et des inventions se jouaient en cour de récréation. Marie Morel s’évertue à mettre ses propres émotions dans des cases : s’en dégage une douceur amère, parfois crue(lle), qui fonctionne à merveille. Louis Pons intègre savamment les objets comme autant de « miracles qui tombent sous la main »… D’autres glaneurs de génie sont à découvrir dans cette fine sélection qui réjouira un public de 7 à 77 ans, pour une miette d’euros.
Texte : M. Nanquette-Querette
Photo : Jacques Ceccarelli de?tail de On me?lange les torchons et les serviettes
La beauté des restes : jusqu’au 28/11 à Arteum (RN7, Châteauneuf-Le-Rouge).
Rens. 04 42 58 61 53 / http://www.mac-arteum.net