La Cabane à réflexion d’Etienne Rey
De l’autre côté des miroirs
Après les trois journées artistiques riches en découverte proposées par les Portes Ouvertes Consolat, il est toujours possible d’explorer la Cabane à réflexion d’Etienne Rey… Un seul impératif : levez les yeux !
C’est tout naturellement que l’installation en suspension d’Etienne Rey s’affirme comme une pièce maîtresse des Portes Ouvertes Consolat, dont la cinquième édition a mis en avant le thème de la cabane. Ce jeune artiste s’attache à pénétrer toujours un peu plus, ou différemment, les mécanismes d’organisation de l’espace à partir d’installations en communication avec leur environnement. Les créations du projet Diffraction, dans lequel s’inscrit la Cabane à réflexion, nous invitent à expérimenter de lumineuses mises en scènes visuelles. A l’angle du boulevard Longchamp et de la rue Espérandieu, devant le Musée Grobet-Labadié, quelque chose attire l’attention en haut d’un platane. Dissimulé de loin par les feuilles de l’arbre, un étrange « objet » niché sur une branche, témoignant de la trace d’une présence humaine, s’éclaire et s’affirme lorsqu’on s’en approche. Composé d’une multitude de plaques de matières transparentes et réfléchissantes, il est visuellement agencé comme un abri, puisque composé d’un sol, de parois et d’ouvertures (des fenêtres ?). Cette architecture métallique communique avec son environnement naturel et urbain, avec d’autant plus d’intensité que les plaques reflètent cette relation par un jeu de miroirs en renvoyant des images fragmentées de l’espace, des autres et de nous-mêmes. Elle « diffracte », dilate, déploie en redéployant, autrement, notre appréhension motrice et perceptive de l’espace. Inscrite dans l’espace public, cette cabane est cependant impossible à explorer de l’intérieur : elle est trop haute et sa taille trop petite pour un être humain. C’est ainsi que la notion d’habitat se renverse. Habiter cette cabane, installation, ou architecture, comme l’on voudra, c’est l’habiter de l’extérieur, la pénétrer en déambulant autour, en changeant de point de vue et de posture. La dimension publique de cette Cabane à réflexion, cette extériorité, s’affirme avec d’autant plus de force que l’œuvre a son pendant « intime » : une autre installation, située cette fois à l’intérieur du Musée Grobet-Labadié. A chacun le soin de transformer ces expérimentations communes en expériences…
Elodie Guida
Jusqu’au 12/11 à l’extérieur et dans le Musée Grobet-Labadié (140 Bd Longchamp, 4e). Rens. 04 91 62 21 82