L’association La Chambre Claire propose la première édition d’Interstices au Parc Borély. Une exposition hors des murs de la galerie donc, où les œuvres des six artistes participants fonctionnent comme des haltes visuelles au cours de notre déambulation.
C’est avec passion que l’organisatrice de l’événement, Valérie Horwitz, parle du projet Interstices, promis, on l’espère, à un bel avenir, porté par l’ambition double et complémentaire d’insérer l’art au cœur de la vie en l’exposant dans la ville et de faire connaître la création contemporaine au plus grand nombre. Le premier volet de ce projet se place sous le signe de la relation personnelle de chaque artiste avec l’espace urbain.
Au cours de notre promenade dans le parc, nous découvrons les œuvres exposées dans des panneaux publicitaires, qui se détachent ainsi de leur fonction première pour fonctionner comme supports de visibilité des créations artistiques. Onze propositions stimulantes, qui participent à enrichir notre expérience et notre compréhension du monde. Et notre capacité à analyser les images aussi… Les deux photos de Cécile Bordas exigent justement de porter une attention minutieuse à ses différents composantes, points de départ d’une histoire qui s’y joue ou pourrait s’y jouer. Une dimension ironique, humoristique et critique est à l’œuvre dans les dessins d’Ingrid Mourreau et la photographie de Natacha Lesueur. La première souligne les tensions qui traversent la société contemporaine et la seconde revisite ici sa série des Motards, dans laquelle la référence au portrait est centrale tout en étant détournée ou interrogée.
Les deux œuvres complémentaires d’Alice Hamon mêlent réel et imaginaire, en nous proposant une traversée des apparences vers un ailleurs poétique et possible. Stéphanie Nava se situe elle aussi aux frontières du réel dans un registre différent, en le teintant d’étrangeté. La tour Eiffel sous un palmier, un monolithe de nougat au bord de la chaussée… Ces photographies jouent avec nos références visuelles en créant des modifications surprenantes des décors et des inversions d’échelles. Laurent Dejente nous propose quant à lui une vision renversante de l’insertion des corps dans l’espace urbain. Ses photographies emploient le même procédé, un basculement de 90° de l’image qui est à peine perceptible sur l’attitude corporelle du sujet car il semble étonnamment habiter l’espace dans lequel il est montré. Elles interrogent ainsi le sens — la signification, la direction — de notre rapport au monde.
Texte : Elodie Guida
Photo : Laurent Dejente, Station n°29
Interstices #1, jusqu’au 30/11 au Parc Borély, 8e. Rens. 06 22 91 07 15