Artisocial

Créée en 2011 par d’anciens élèves du Conservatoire dramatique de Montpellier, l’association Je Pars à Zart rassemble des gens d’univers différents dans un esprit de mutualisation des savoirs. Une autre façon d’aborder la chose théâtrale, à voir au Parvis des Arts, où les jeunes gens ont élu résidence.

Comédiens, animateurs, bricoleurs, instituteurs, musiciens, graphistes… On peut parler de coopérative culturelle et artistique construite pour mêler théâtre, animation, création et action solidaire, utilisant le spectacle vivant comme outil de rencontre et d’échange. Revendiquant le fait d’être une grande maison philo-politique en perpétuelle construction et se voulant accessibles, l’association n’hésite pas à défendre de grands auteurs ou des concepts complexes en les vulgarisant. La jeune bande propose ainsi des prestations ludiques du type visite interactive ou jeu coopératif à des organismes tels que la CAF, mais aussi aux mairies ou aux prisons pour financer chichement une petite partie de leurs créations théâtrales, produites quasi bénévolement. Vous l’aurez compris : ils font — en partie — du « socioculturel », mot qui n’a pas bonne presse dans le milieu du théâtre. La contestation après 68 par la sociologie critique du socioculturel et de ses équipements comme objets de domination et de normalisation a probablement agi dans ce sens. Pourtant, le socioculturel est un ensemble d’activités qui aide l’enfant et l’adulte à comprendre son environnement, à se situer, à agir en tant que citoyen. Une mission très utile, créatrice de lien social. C’est aussi une culture de la précarité qui exerce une sorte de chantage aux valeurs : on demande aux intervenants d’en « faire plus ou moins cher » au nom de leur militantisme, puisqu’ils font cela par conviction. D’où le mérite de ces très jeunes gens qui utilisent en groupe leur formation de comédien et les compétences qu’elle leur a apportées pour tenter d’amener au théâtre des publics qui n’y sont pas habitués au lieu de chercher à faire carrière individuellement. Car sur la scène du Parvis des Arts, même si la mise en scène du Sunset Limited de McCarthy manquait d’une dramaturgie subjective, nous avons vu de très bons comédiens et non des animateurs sociaux tentant de faire du théâtre. Il y eut de très bons moments, une vraie incarnation dans ce combat idéologique sur le sens de la vie entre un professeur et un ancien détenu. Une thématique qui n’est pas un hasard pour les « JPAZ »… Touchante, leur démarche nous interroge encore. Car si elle ne manque pas de contradictions, elle est totalement investie et pourtant, ils n’ont ni l’allure ni le langage des militants. Autant de questions qui trouveront sans doute des réponses lors des représentations de La Contrebasse.

Olivier Puech

La compagnie Je Pars à Zart a présenté Le Baz’Art (zapping théâtral) le 13/04 et The Sunset Limited de Cormac McCarthy les 17 & 18/04.

La Contrebasse de Patrick Süskind : les 24 & 25/04 au Parvis des Arts (8 rue du Pasteur Heuzé, 3^e).
Rens. : 04 91 64 06 37 / www.parvisdesarts.com

Pour en (sa)voir plus : www.jeparsazart.fr