La Courtisane Amoureuse et autres contes (grivois) présenté à La Criée

Une poupée qui ne dit pas non

Quand marionnettes et poupées de coton nous dévoilent dessous chics, dentelles et jupons…

Qui l’eût soupçonné ? Que sous les jupes de ses belles et acerbes fables, La Fontaine dissimulerait quelques délicieuses historiettes où l’ironie ne s’attaque plus aux rivalités de pouvoir des grands, mais à leurs joyeuses histoires amoureuses. Toujours socialement bien déterminés, les personnages courent après la consommation de l’acte amoureux et la transgression de ses règles de convenance. Emilie Valantin et sa grande famille de marionnettes, marionnettistes et musiciens nous entraînent dans une ronde joviale où les plaisirs de la chair sont célébrés par des corps de tissu et papier. Initialement inertes, les silhouettes reprennent vie pour s’enlacer, se poursuivre, se faire languir au son de l’harmonium, selon l’haleine enfiévrée de ces contes cocasses. Un castelet de tapisserie baroque, en plan incliné et doucement courbé, permet aisance et souplesse à ces marionnettes, tantôt de taille humaine, tantôt juchées au bout d’une perche, tantôt centaure avec son manipulateur qui lui prête bras, jambe ou tête. Un travail qui transpire le désir de vivre, d’être avec son corps, de l’incarner et le sublimer, bien au-delà de toute pensée grivoise. Une citation, maladroitement récoltée par une oreille émue à la fin du spectacle et qui implore La Fontaine de quelques écorchures, un aveu qui admet « Je suis de chair, et de bon fond. Mais vous savez bien Messieurs, qu’entre la tête et le talon, beaucoup de choses y sont… »

Hannah Devin

La Courtisane Amoureuse et autres contes (grivois) était présenté du 11 au 15/01 à La Criée