C’est arrivé près de chez vous | La Fabrik de l’IME Vert Pré
Les jeunes poussent
Lieu d’épanouissement partagé dédié à l’art et à la culture, la Fabrik agit, expérimente et propose à des jeunes de six à vingt et un ans des temps de vie créatifs. Service rattaché à l’Institut Médico-Éducatif Vert Pré (Association Sauvegarde 13) à Marseille, le projet s’éloigne des pratiques éducatives habituelles. Et s’il est innovant, il existe depuis quatorze ans déjà…
« Avant de t’indigner, rappelle-toi de quoi tu étais capable lorsque tu avais leur âge », écrivait Fernand Deligny dans Graine de crapule.
Dans ce bel espace artistique qu’est la Fabrik, Ruben Bakker, éducateur spécialisé, accueille les jeunes et de nombreux artistes depuis son inauguration ; Zac Maza l’a rejoint en janvier dernier.
La Fabrik est un « outil polymorphe au service de l’Institut où chaque individu a sa place, sa vision, sa personnalité. » Il n’y a ni savant ni maître, ni fou, ni contremaître. Ici, « on se questionne sans souci de normalisation, où l’on attend rien de l’autre » : un réel espace de libération des tensions intérieures. « La valeur de la parole, la création, les apprentissages des techniques, les révélations, l’évolution des publics, un lieu que l’on respecte, où l’accueil se fait toujours dans les règles de l’art », c’est ça, la Fabrik. Les multiples talents peuvent s’y rassembler et il s’y conçoit des dizaines d’œuvres : peintures, reportages, sculptures, marionnettes, musique, cirque, théâtre, danse…
C’est au cours d’une journée de partage au CREAHM Provence que l’idée a émergé : le droit de pratiquer une activité artistique en milieu protégé se développe d’autant plus. C’est ainsi que la Fabrik a pu s’étoffer, avec les jeunes, les équipes, la direction. « Tout le monde apprend des uns des autres. » Katia Jeudy, chef de service et co-initiatrice du projet, milite cœur et âme pour qu’il puisse progresser, comme les graines que les ados et leurs éducateurs plantent sous serres dans les jardins de Vert Pré.
Kays par Maïté Baldi : https://maitebaldi.com
« Ici, on fabrique de l’humain, avant tout. »
Les rires, les confidences, les peines, les joies, les cris, les connivences, les essais, les fiertés redoublent d’effort. Des émotions vives s’entrechoquent au regard des collages ou des rythmes des percussions. Ce lieu vit, questionne, déconstruit : nul besoin de syntaxe, les gestes et les sourires seront toujours prometteurs. Quoi de plus beau qu’un être heureux à l’instant T ? Le temps s’arrête et s’accélère. À la Fabrik, l’espace-temps se détend afin de laisser place à l’imagination, à la confiance : une énergie qui se transmet.
Ici, plus qu’ailleurs, l’échange non monétaire prime. Les artistes en résidence troquent une première, des ateliers ou des rencontres contre un appartement mis à leur disposition ainsi que les différents espaces.
Si la culture est à l’arrêt ou presque, les envies y sont d’autant plus propices. La photographe marseillaise Maïté Baldi s’est prêtée au jeu du don/contre-don en réalisant des portraits grands formats pour décorer l’enceinte de l’Institut. Les comédiens de Meiwenti se sont essayés en première dans un conte clownesque autour de la vie de David et Goliath ; HK viendra en mai prochain sans les Saltimbanks en résidence pour une initiation musicale. Vladimir et l’équipe de Radio Grenouille partagent quant à eux quelques rimes de leurs morceaux avec Anthony, Baya et Marwan en vue d’une future production commune…
De quoi régaler les sens et l’essentiel !
Juan Gonzalez
La Fabrik : 55 boulverad Aguillon, 9e.
Rens. : 04 91 75 92 50 –
http://www.lafabrikvertpre.com