Adapté par Olivier Py, le conte millénaire de La jeune fille, le diable et le moulin évoque subtilement les conséquences de la défaillance d’un père sur l’avenir de son enfant : un texte riche en symboles, à découvrir dans la mise en scène limpide et poétique proposée par la Cie des Accès… (lire la suite)
Adapté par Olivier Py, le conte millénaire de La jeune fille, le diable et le moulin évoque subtilement les conséquences de la défaillance d’un père sur l’avenir de son enfant : un texte riche en symboles, à découvrir dans la mise en scène limpide et poétique proposée par la Cie des Accès
Un homme pauvre et influençable abandonne sa fille au diable en échange de la richesse. La jeune fille parvient à prendre la fuite, les mains coupées par son propre père. Dans son errance, elle rencontre un prince qui veut l’épouser — mais contrairement à bien des contes, l’histoire ne s’arrête pas là : c’est même plutôt son point de départ…
Inspiré du conte traditionnel La jeune fille sans mains, dont on trouve des versions à peine différentes jusqu’en Amérique latine et en Russie, La jeune fille, le diable et le moulin d’Olivier Py évoque l’impuissance et l’incapacité qui frappent, à l’âge adulte, l’enfant confronté à un père défaillant. Un motif majeur qui « parle » à tous les âges : on le rencontre ainsi encore récemment au cinéma, dans le magnifique Edward aux mains d’argent de Tim Burton. « C’est un conte sur la maturation et l’individuation : il montre qu’il ne suffit pas d’avoir une vie apparemment normale pour accéder véritablement à l’âge adulte. Il y a en réalité un long chemin de quête et de solitude à parcourir », commente la metteuse en scène Sabrina Giampetrone. « Me voilà à nouveau seule sur la route. Une fois déjà mes pas qui devaient me mener nulle part m’ont menée où je devais aller… Mes pieds sont plus sages que moi », constate ainsi la jeune fille, dans la langue simple et très évocatrice d’Olivier Py. Des caractéristiques que l’on retrouve dans la mise en scène de la Cie des Accès : sur le plateau plongé dans la pénombre, des îlots de lumière s’ouvrent successivement, installant en quelques instants, autour d’un élément de décor très stylisé, tout un univers singulier qui marque une nouvelle étape du récit. Les épisodes du conte s’enchaînent ainsi comme des tableaux successifs, dont l’esthétique et le dépouillement rappellent souvent les estampes japonaises. Une apparente simplicité qui laisse libre cours à chacun pour entendre toutes les significations de l’histoire — comme lorsque le diable d’Olivier Py constate avec une singulière clairvoyance : « Il y a toujours une heure où le destin d’un homme tient à un morceau de papier. C’est là que j’interviens… » On ne le souhaite à personne…
Fabienne Fillâtre
La Jeune Fille, le Diable et le moulin, par la Cie des Accès. Mer 8/03 à 14h30 à l’Astronef