Dialogues de courts

La Fête du Court Métrage célèbre toute la bouillante création cinématographique de formats courts. Si de nombreuses salles de la Région s’emparent de l’événement, l’équipe des Courts l’Après-Midi, soutenue par de nombreux partenaires, livre un programme particulièrement fourni à Marseille.

Années après années, cette dichotomie se fait toujours plus prégnante : le court métrage se taille désormais une part conséquente des programmations en festivals, quand les cinq mille deux cents salles de l’hexagone peinent invariablement à défendre cette temporalité unique d’expression au sein d’une exploitation quotidienne. Il semble toujours plus important pour la majorité des exploitants de diffuser dix minutes de bandes-annonces qu’un court métrage en salle, qui deviendrait de fait l’un des importants écrins pour sa diffusion. Car nous ne cessons de le souligner : l’écriture du court, dans la liberté qu’offre le format — et son économie —, reste l’espace idoine d’une expérimentation du récit, et plus largement visuelle, formelle, sémiologique. Fort heureusement, un événement à échelle hexagonale investit de nombreux lieux de projections (cinémas, médiathèques, établissements scolaires, lieux alternatifs) pour une myriade de propositions, consacrées aux formats courts : du 15 au 21 mars, la Fête du Court Métrage essaimera à tous vents plusieurs centaines d’œuvres propres à (re)donner goût à l’expérience collective de la salle, tout en plantant les graines de nouvelles formes d’expressions cinématographiques.

Les écrans de la Région s’en feront bien évidemment l’écho, mais attardons-nous sur le beau programme concocté par les équipes des Courts l’Après-Midi, à Marseille. Ce grand raout s’ouvrira au cinéma le Miroir de la Vieille Charité, dont on se prête à rêver qu’il puisse devenir, un jour, un écran supplémentaire permanent de l’exploitation cinématographique phocéenne. Une séance jeune public qui sera alors consacrée au mouvement et la danse dans le film d’animation, en partenariat avec les Écrans du Sud, et dans le cadre de Cour(t)s-y-vite. Un thème que nous retrouverons dès le lendemain en présence du cinéaste et chorégraphe Jean-Charles Mbotti Malolo, pour un combo masterclass et séance. Un autre rendez-vous à destination des minots est sans conteste essentiel, à la Bibliothèque Alcazar : celui autour du travail de Norman McLaren, dont les œuvres ludiques et poétiques restent un enchantement du regard, dans sa manière, en travaillant à même la pellicule, d’animer les formes. Parmi les invités de cette Fête du Court Métrage à Marseille, nous voilà ravis de retrouver l’AARSE, Association des Auteur·rice·s Réalisateur·rice·s du Sud-Est, pour une programmation à la Baleine, composée de films des membres du collectif, représentant un intéressant panel de la diversité de la production en région, en matière de courts. Mais également Le Fresnoy – Studio National des Arts Contemporains, éminent centre de création de Tourcoing, lors d’une séance spéciale au Videodrome 2, ou le Festival de La Rochelle, derechef au Miroir de la Vieille Charité, à l’occasion des cinquante ans de la manifestation. Citons enfin, épars, les programmes Godard au commencement, Lumière sur le documentaire ou Oscars Night, sans omettre l’excellente initiative, au Gyptis, d’une scène ouverte aux écoles de cinéma de Marseille, du SATIS à CinéFabrique, en passant par Kourtrajmé !

Emmanuel Vigne

La Fête du Court Métrage : du 15 au 21/03.

Rens. : www.lafeteducourt.com / www.descourtslapresmidi.fr

Le programme complet de la Fête du Court Métrage ici