La France mal à droite
Décidément, mieux vaut appartenir à l’extrême droite qu’être militant écolo ou opposant à la réforme des retraites. Dans le « pays des droits de l’homme » tout du moins. Ces dernières semaines, on a ainsi pu voir le président pousser la chansonnette avec de jeunes membres de l’association Canto, pas fâchée avec les hymnes fascistes et ultranationalistes, tandis que certaines préfectures, dans une pathétique tentative d’illustrer l’adage « le ridicule ne tue pas », essayaient d’interdire les casseroles dans l’espace public ou les cartons rouges dans les poches des spectateurs du Stade de France. Sans oublier notre fumeux ministre de l’Intérieur qui, tout en assumant de mettre l’extrême droite et la gauche qu’il qualifie d’« extrême » ou d’« ultra » sur un pied d’égalité, préfère manifestement taper sur la seconde. Jusqu’à employer une rhétorique particulièrement guerrière (« terrorisme intellectuel d’extrême gauche », « éco-terrorisme ») pour criminaliser ses adversaires et justifier d’éventuelles ripostes sécuritaires. Le coup de grâce est arrivé le 6 mai dernier, avec ce sordide défilé de croix celtiques et cagoules noires au grand jour à Paris lors d’un rassemblement pour le coup bel et bien autorisé par la police. Comme l’a parfaitement résumé le député écologiste Aurélien Taché (pourtant un ex macroniste), « Dans la France de 2023, le bruit des bottes effraie moins que celui des casseroles… »
À Marseille, cette actualité a une résonnance particulière, faisant écho à l’affaire des « trois du Prado », du surnom donné à trois jeunes militants antifascistes interpellés en février dernier lors de la dispersion pour le moins zélée par les forces de l’ordre d’une manifestation contre l’ouverture d’un local du parti Reconquête. Trois jeunes inconnus de la police, placés 48 heures en garde à vue, puis quatre nuits en détention provisoire aux Baumettes, avant d’être condamnés, dans la confusion la plus totale, à six mois de prison avec sursis, ainsi qu’un an d’inéligibilité et une interdiction de port d’arme. Il ne fait décidément pas bon de s’engager à gauche ou d’avoir une cause à défendre… Pendant ce temps, les militants zemmouristes, eux, dorment sur leurs deux oreilles.
CC