En avant guinguette
Lancé en 2017, le festival Guinguette Sonore prendra cette année encore ses quartiers le temps d’un week-end fin août sur la plage de la Romaniquette, à Istres. De quoi apprécier sa programmation résolument rock les pieds dans le sable, bercés par les mélodies et les embruns, l’esprit pour quelque temps encore en été.
Il s’agit d’un des événements estivaux les plus festifs des Bouches-du-Rhône et pourtant, au moment de rédiger ces lignes, me voilà partagé entre le plaisir de parler d’un festival hautement recommandable et une résignation chargée de nostalgie, du fait de savoir qu’il s’agit de mon ultime bafouille pour Ventilo. Je comprends désormais ce qu’est cette fameuse mélancolie d’une infinie tristesse qu’évoquaient les Smashing Pumpkins en 1995.
L’évocation d’un des plus grands groupes à guitares du XXe siècle tombe à point nommé pour aborder la programmation du cru 2024 de la Guinguette. Le rock est toujours à l’honneur, avec une sélection d’artistes affûtée, à commencer le vendredi par Meule, le trio à deux batteurs qui nous avait fortement enthousiasmés lors du Pointu Festival 2023 (encore un grand disparu ayant laissé un vide immense, désolé pour la tournure nécrologique que prend ce papier ; si nous nous étions appelés Ventilo Gadget, nul doute qu’une corde aurait été offerte avec ce numéro !). Le même soir, Brother Junior, projet du Marseillais Jullien Arniaud, dont le rock indé aux influences maîtrisées l’a tout de même conduit en première partie des Stranglers l’an dernier, excusez du peu. Sur scène également, les quatre ténébrunes argentines de Fin del Mundo, de l’indie pop aux chant et mélodies imparables, ainsi que Purrs, Britanniques dont le post punk n’est pas sans évoquer les Idles (à l’influence assumée).
Autre tête d’affiche, programmée le samedi pour sa part, Stuck in the Sound, jadis espoir des Inrocks il y a plus de vingt ans, avant de faire ses preuves en deux décennies de carrière. Soyons un peu chauvins en parlant des Marseillais de Technopolice, quatre garçons pleins d’avenir (dont deux sont déjà connus pour leur chouette groupe Avenoir) qui combinent sens de la composition et de la déconnade, pour le plus grand plaisir de leurs auditeurs. Toujours des compatriotes massaliotes avec Catchy Peril, dont l’ambition musicale et visuelle dès leurs débuts donne envie d’en découvrir bien plus. Ils auront l’honneur de jouer le même soir que Karoline Rose Sun, simplement nommée Sun, dont la musique auto-définie de brutal pop (avec tout de même pas mal de touches de metal alternatif) fait appel à une évidente maestria de la guitare électrique. Gageons que l’expérience musicale sera totale, d’autant plus que les Bordelais de Monoch/Monolyth parachèveront l’affiche par leur rock mâtiné de folk aux voix parfaitement entremêlées sur des compositions d’une grande qualité, en atteste leur impeccable second album sorti dernièrement.
Toutes les bonnes choses ont une fin : il en est ainsi de ce papier, mais surtout de votre journal et des illusions de son équipe dirigeante, qui aura dignement tenu la barre jusqu’au bout, sans se départir de ses valeurs. Je conserverai en moi cette admiration pour mes compagnons de route à l’abnégation, au dévouement et à la passion sans faille. Souhaitons le meilleur au festival Guinguette Sonore et à son équipe hautement motivée et méritante, en espérant que vous serez nombreux à faire honneur à leur travail. Plus largement, longue vie à la culture dans notre département, que ses acteurs n’oublient jamais de faire preuve d’autant de générosité envers leur public qu’à l’égard de leurs pairs. Il y a une lumière qui ne s’éteint jamais.
Sébastien Valencia
La Guinguette Sonore : les 30 et 31/08 sur la Plage de la Romaniquette (Istres).
Rens. : laguinguettesonore.fr
Le programme complet de La Guinguette Sonore ici