Abou Diarra & Donko Band

La Nuit des Griots

Hymnes à la joie

 

Live Culture rassemble une poignée de passionnés de musiques africaines qui s’acharnent à produire des concerts depuis novembre dernier afin de financer une deuxième Nuit des Griots malheureusement encore à ce jour sans subventions. Tour d’horizon.

 

Ils ont prévu grand. Le festival comprend en effet deux soirées de concerts, une conférence sur les griots, un marché associatif avec des expos (peintures, photos), la vente d’artisanat et de produits locaux, une parade des griots qui partira du Boulevard Chave le samedi, des contes et des animations pour le jeune public… En ce qui concerne les concerts, la fête débutera au Poste à Galène (principal lieu d’accueil de l’événement) avec le septet d’Aubagne Chocolate Jesus, dont le nom est un clin d’œil à une ballade écrite par Tom Waits. Né de Sons of Gaïa en 1998, Chocolate Jesus déroule ses propres compositions reggae, ska et rock chantées en français par la diva aux pieds nus Lady A. Maclick, et envahira la scène de ses toutes fraîches trouvailles tricotées au cours d’une résidence à la Friche. Chaque musicien (Anass Zine de Casablanca au chant et aux cordes, Marek Eichler de Prague à la basse, Kader Denednia d’Añana à la guitare, Pierre Bona du Cameroun à la batterie et Olivier Martin de Marseille à la synthèse modulaire) trace une route orientalisante que tranchent des grooves afros. Le projet, dont les compositions sont proposées par le leader Anass Zine, a surgi lors d’une jam à Marseille, creuset évident des musiques métissées. Ensuite, le quartet Symphonie of Kora offrira les créations chantées en bambara et en diola, écloses à l’initiative d’Issiaka Kouyaté, directeur artistique du festival, lors d’une résidence à la Capelette. Originaires respectivement du Burkina Faso et du Mali, les deux joueurs de kora Moussa Sanou et Yancouba Diebate font fleurir rythmiquement et harmoniquement des chansons de ces sons cristallins envoûtants qui émanent de leurs instruments. Ils seront accompagnés par Siaka Diarra aux percussions et Moussa Koita à la basse. Selon Moussa Sanou, les paroles de Symphonie of Kora décrivent les rapports sociaux au Burkina. Pour clôturer la nuit, le septet Kanazoe Orkestra, dirigé par Seydou Diabaté dit Kanazoe, s’accaparera la scène du Poste avec les titres de son album Miriya, qui se traduit par « la joie ». Seydou Diabaté est reconnu par ses pairs à travers toute l’Afrique mandingue comme le jeune génie du balafon, tant par ses prouesses techniques que par sa créativité et sa musicalité. Il s’est entouré de trois Français qui ont débuté avec le jazz. Le percussionniste Stéphane Perruchet, lui, a commencé par les rythmes africains et afrocubains avant de s’orienter vers le jazz. Avec une originalité propre à chacun, ces quatre musiciens apportent une couleur inédite à Kanazoe Orkestra.

Les concerts du samedi commenceront avec le quartet de Simon Winsé, né dans une famille de musiciens et multi instrumentistes burkinabés. Winsé est d’ailleurs imprégné de la culture samo et veille à sa survie. Il utilise des instruments en voie de disparition, comme l’arc en bouche et diverses flûtes qui accompagnent les contes en Afrique de l’Ouest lors des périodes de récoltes. Il sera accompagné par Clément Jannet, qui triture son violon aux sonorités jazz et à la technique Roirouga, une tradition burkinabé monocorde. Le mot Dangada, qui signifie « joie », est le titre de son album et de son association, qui se dédie à la création d’une école de musique à Lankoué au Burkina.

On finira la soirée avec le quartet Donko Band, dirigé par le célèbre Abou Diarra, le « Jimi Hendrix du n’goni »… Il a traversé à pied les villages les plus enfouis d’Abidjan à Conakry, ainsi que les métropoles et a de ce fait réuni dans sa musique les expressions musicales traditionnelles oubliées et les sons contemporains urbains. Le quartet lie la musique mandingue au blues africain, à l’afro piti et aux grooves. Cela sans oublier l’after au Faso : la scène sera ouverte aux musiciens qui se sont produits durant le festival ainsi qu’aux musiciens locaux avides de belles rencontres…

La plupart des musiciens qui se produiront pendant le festival sont partie prenante de la culture bambara, qui s’inscrit dans l’aire d’influence mandingue présente dans toute l’Afrique de l’Ouest sahélienne. Le mot « Bambara » signifie « ceux qui ont refusé de se soumettre », en particulier à l’islam. La culture bambara est basée, entre autres, sur l’organisation sociale et familiale, une tradition exclusivement orale, et l’existence de castes d’orateurs (homme ou femme) qui transmettent la culture : les griots. La langue bambara est d’ailleurs régulièrement utilisée comme langue véhiculaire et commerciale en Afrique de l’Ouest. A la Nuit des Griots d’en raconter toujours plus.

 

Catherine Moreau

 

La Nuit des Griots : du 30/03 au 2/04 à Marseille.
Rens. : 06 63 94 63 11 / 06 67 55 68 00 / http://live-culture-france.fr/evenements

La programmation complète de la Nuit des Griots ici