Un grand débat sur la prolongation de l’emploi de nos vieux réacteurs nucléaires vous intéresserait ? Trop tard ! Une concertation publique du Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire — si, si, ça existe — vient de se clore dans une discrétion certaine. Mediapart avait révélé en septembre dernier, avec un journal allemand, que le maintien au-delà de quarante ans, voire cinquante, d’une trentaine de nos plus anciens réacteurs nucléaires s’accompagnait d’alertes de sûreté surpassant les sollicitations admissibles de leurs circuits. Et malgré Fukushima et le rehaussement bienvenu des normes de sécurité, EDF dissimulait ces incidents au public et ne prévoyait pas d’y remédier. En partie à cause du coût engendré et de l’endettement de l’entreprise ! Et le gouvernement Philippe d’annoncer le report de dix ans, à 2035, de la diminution à 50 % de la part du nucléaire dans notre production d’électricité ! L’inquiétude grandit légitimement, et pas qu’en France. Des responsables allemands ont interpellé officiellement leurs voisins sur leur opposition à cette prolongation, conscients qu’un accident nucléaire dans l’hexagone se répercuterait inévitablement sur l’Allemagne, qui a fait le choix de la fin de l’énergie atomique. Les élections européennes seraient le moment idéal des échanges sur le sujet, sur fond de bouleversement écologique, de transition énergétique et de manifestations pour le climat. Le clivage artificiellement entretenu des populistes contre les libéraux viendra enfumer ces questions centrales pour l’avenir des Européens. Pour vivre heureux à notre détriment, le petit monde du nucléaire préférera rester caché.
Victor Léo