La populace tremble d’effroi présentée au Théâtre Massalia
Le fond de l’air effraie
La Suisse, ses secrets bancaires, ses fromages et son Théâtre de la Poudrière… La compagnie helvète nous a conviés à un voyage instructif et sensoriel au royaume de l’effroi. A trembler de plaisir.
Quel sentiment étrange que la peur. Quand nous la vivons, elle semble durer sans que nous ayons la maîtrise de son épilogue. Le corps s’abandonne alors à ces palpitations du cœur et de l’esprit, qui nous rappellent combien nous sommes bien vivants et humains. Les spectateurs de La populace villageoise tremble d’effroi ont pu comprendre ses ressorts et en vivre l’expérience grâce à l’inventivité du Théâtre (d’objets) de la Poudrière. Le dispositif scénique est pourtant simple : un ensemble pliable de trois murs joints, placé au centre d’un cercle, dans lequel cinq acteurs évoluent en compagnie de bien plus d’objets et de bruits. La peur peut donc naître de la simplicité d’un tel décor comme de notre quotidien. La lecture d’une information, une lumière qui s’éteint et même un sourire peut être le point de départ d’une angoisse. Tout au long du spectacle, elle se forme, l’usage de baguettes en bois et de parpaings en guise de métaphore de sa construction. Omniprésente, la peur naît souvent de méconnaissances que nous voudrions dissiper. Dans la salle Seita du Théâtre Massalia, nous ne savions pas si l’on pouvait manger cette pomme, laisser seul cet enfant, et s’approcher de ces oiseaux (grippés ?) ou de ces vaches (folles ?). Pour la déjouer, il s’agit d’en acquérir une meilleure connaissance, comme le symbolise la visualisation de l’envers du décor. Un dévoilement d’autant plus difficile que le sentiment est partagé par la « populace » : crainte de la mort, de l’Autre, du secret dévoilé, ou de la transgression de normes adoptées par tous. Mais lorsque le rideau se lève, on regrette de ne plus avoir peur… pour le moment.
Texte : Guillaume Arias
Photo : Catherine Meyer
La populace tremble d’effroi était présentée au Théâtre Massalia du 24 au 27/03.