L’Interview
Nicolas Christin
Ça y est ! Après quatre interminables années de silence, le Moulin rouvre enfin ses portes. La parole à son directeur.
Quelles sont les nouveautés ?
L’ancien hall d’entrée a été aménagé en ce que l’on appelle le Club, pouvant accueillir 350 personnes. C’est l’aboutissement d’une réflexion entreprise il y a pas mal d’années. Cette « petite formule » se rattache au développement artistique, donc à la scène émergente, qu’elle soit locale, nationale ou internationale. Elle est nécessaire et primordiale pour prétendre développer des carrières artistiques et nourrir des outils de taille plus grande. La grande salle, quant à elle, a gagné en capacité. Elle contient désormais 1 500 places, au lieu de 1 200. C’est la jauge qui faisait défaut à la ville de Marseille. On peut donc désormais concurrencer Toulouse et Lyon, qui possédaient déjà le Bikini et le Transbordeur. C’est important pour les tourneurs, d’autant que l’offre sur le territoire français n’est plus la même qu’il y a dix ans, époque à laquelle un tourneur français pouvait proposer une quinzaine de date sur le territoire. Aujourd’hui, tu en as trois ou quatre maximum. Cette jauge est un enjeu majeur pour ne pas que certains groupes nous passent sous le nez.
Sur l’ensemble du lieu, à quoi doit-on s’attendre en termes de programmation ?
On s’efforce, depuis vingt ans, à travailler sur un créneau large, et ça ne changera pas. Bien que la nouvelle petite salle nous permettra d’être plus dynamiques.
Une fois que la salle aura atteint son rythme de croisière, quels seront les défis à relever ?
Lui donner un rythme plus important. Pendant les moments creux, nous aimerions aussi développer des activités complémentaires. Comme la mise à disposition, à travers des boîtes de formations, d’outils techniques adaptés adressés à tous les intermittents du spectacle, pour continuer à les accompagner dans leur métier, afin qu’ils soient encore plus performants tout en se préservant des accidents du travail. Sur les mêmes périodes, mais cette fois-ci à direction des artistes locaux ou nationaux, nous aimerions continuer à mettre à disposition la salle pour que des musiciens se préparent à la scène. Nous avons également notre label à faire vivre, en restant à l’écoute des besoins et des demandes des groupes. Nous animons également des ateliers d’écriture et de percussion dans des prisons pour mineurs… Nous essayons de faire en sorte que le Moulin soit un bel outil de diffusion et de professionnalisation.
Le lieu ne souffre-t-il pas d’être excentré ?
A partir du moment où il y a une belle affiche dans un beau lieu, le public se déplace. Et puis la ville s’est agrandie. Je retourne même ta question : notre localisation semble plutôt être un avantage, quand on voit, par exemple, comme il est dur de se garer en centre-ville…
Participerez-vous à MP 2013 ?
On a déposé un projet qui me tient à cœur depuis des années. Un genre de festival de printemps éclectique avec la participation d’un grand nombre d’opérateurs culturels locaux. Mais ça n’a pas été retenu. C’est pas grave. Nous avons été pris par le temps, avec nos travaux…
Propos recueillis par Jordan Saïsset