Escale médiaterranéenne

 

Issue de quatre cerveaux passionnés, la revue 15-38 Méditerranée s’anime sur la toile depuis 2017, se présentant comme le premier réseau d’informations maritimes à grand renfort d’enquêtes et de reportages donnant la parole à des correspondants du pourtour méditerranéen. Son leitmotiv : aborder des sujets à partir d’angles de vue différents. Focus sur le nouveau site internet du média des deux rives, qui se décline en version papier et, bientôt, en podcast.

 

 

Récemment, le site a fait l’objet d’une refonte visant à faciliter visibilité et navigation : une façon d’être notamment « plus réactif, explique Hélène Bourgon, l’une des quatre fondatrices du média. On garde le concept de dossier, d’abord mensuel, aujourd’hui trimestriel. » Il faut dire que les énergies ne sont pas inépuisables, ni les ressources, humaines comme matérielles. « Nous fonctionnons beaucoup avec nos correspondants qui, contexte de Covid oblige, se voient évoluer et doivent constamment s’adapter. » De fait, la rédaction aussi.

Des dossiers spéciaux jalonnent le site : Libertés, portraits de jeunesses engagées, énergies de l’espoir, histoires d’amour… mais aussi des sujets plus sensibles comme la crise en Libye. Tantôt lourds ou légers, les enjeux abordés reflètent nos réalités.

 

Pour les adeptes du papier, une revue de soixante-dix-huit pages a vu le jour fin 2020 : un troisième numéro consacré à la situation au Liban en cette année si particulière. « Le Liban, ce n’est pas un hasard, c’est ce qui nous a réunis à la création de ce média », surligne Hélène. Plus d’un an après les grandes manifestations qui ont agité le pays et moins de six mois après les violentes explosions qui ont touché sa capitale, la publication propose une analyse et des témoignages de citoyens, chercheurs, économistes, artistes et journalistes, qui nous embarquent au cœur de Beyrouth, dans les méandres de la déjà trop longue crise libanaise… Un Liban loin d’être épargné par le Covid, puisque le pays se reconfinait strictement il y a tout juste une semaine. Ce numéro, édité localement, comptait déjà une centaine de ventes il y a quelques jours. En plus des supports écrits, un projet de podcast est en train de naître, indépendant des articles parus sur papier.

 

Hélène souligne par ailleurs l’importance de l’éducation aux médias chère à la structure : « Nous intervenions et continuons à le faire auprès d’élèves de collèges, lycées, bibliothèques, et parfois également primaires et maternelles pour leur apprendre ce qu’est une info, et comment elle se fabrique. » Par exemple, un atelier de journalisme citoyen est prévu à l’Ekonature, concept store marseillais axé sur le chanvre intégré dans un écosystème autour de la nature, du bien-être, de la paysannerie et de la biodiversité. Ici, il s’agira de transmettre des techniques de prises de son et d’images pour récolter l’information, mais aussi de développer l’esprit critique du public en vue de questionner et de vérifier l’info.

 

Les actions d’utilité publique de ce média indépendant et engagé ne sont possibles que grâce aux adhésions et dons de natures diverses. 15-38 Méditerranée a également reçu en 2019 de la part du ministère de la Culture un fonds de soutien à l’émergence et à l’innovation dans la presse, ainsi qu’une aide de la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles) qui finance des ateliers médias dans le cadre d’appels à projets depuis 2018.

 

Ainsi, les lignes, mêmes numériques, restent tangibles et finissent toujours par trouver lecteur.

En ces temps troublés, l’engouement pour ce type de médias indépendants est de nature à nous rassurer. Pour ne pas dire rasséréner.

 

Charlotte Lazarewicz

 

 

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