La Rosa Blanca au Théâtre de Lenche
La Condor passa…
Théâtre équitable place de Lenche, où l’adaptation du roman de B. Traven, à la manière d’un reportage, dessine en contrepoint d’un fait divers l’affrontement de deux formes de pensées.
Près de soixante ans après l’annexion du Texas, de la Californie et de quelques autres Etats constituant tout de même près de la moitié de la jeune république indépendante qu’est alors le Mexique, les canons se sont tus. Mais la lutte pour l’exploitation des richesses du sous-sol continue. A peine a-t-elle pris un tour plus policé : offres d’achat, tentatives de corruption, manœuvres d’intimidation et, en dernier recours, assassinat. C’est le cas ici, dans cette adaptation du roman de B. Traven, signée et jouée par Maryse Aubert, qui nous emmène dans un cabaret (costume, musique et éclairage en poursuite), ambiance girls et cigares, sur les pas du patron de la Condor Oil Company, à San Francisco. On nous en présente les méthodes avant de nous les montrer en action. Ses vues se portent sur la Rosa Blanca, hacienda administrée par le cumpadre Hiacinto Yañès et seule enclave échappant à la cupidité de la Condor dans un vaste territoire. L’actrice joue tous les personnages, changeant d’accent. Les décors, des maquettes éclairées de l’intérieur, feraient le bonheur de bien des gamins et se révèlent, bien complétés et mis en valeur par les éclairages plateau, largement suffisants : il ne s’agit pas de tracer une fresque et refaire Autant en emporte le vent. C’est la confrontation entre deux philosophies qui est importante, entre ceux qui pensent que l’argent donne possession sur la terre et les ressources, qu’elles gisent en sous-sol ou s’activent en surface, et ceux qui pensent que l’on ne possède pas la terre, mais qu’on l’emprunte aux générations futures. Hiacinto, d’origine indienne, pense ainsi et ne se sent pas le droit de vendre l’hacienda. Il repousse donc les offres d’achat, décline les tentatives de corruption, fait face aux tentatives d’intimidations. Cette intégrité le perdra, laquelle alliée à son sens de l’hospitalité le conduira à accepter l’invitation faite en retour par un de ses fourbes hôtes. Ce voyage le mènera à une fin sordide sur une route de Californie. L’enquête lancée par le gouverneur sera étouffée dans le début du coup d’Etat du Général Huerta (1913).
Frédéric Marty
La Rosa Blanca se joue au Théâtre de Lenche (4 place de Lenche, 2e depuis le 11) et jusqu’au 29/01. Rens. 04 91 91 52 22 / www.theatredelenche.info