La Rue du Rock 2019
Les Bouches du Rock
Le 29 septembre prochain aura lieu la septième édition de la désormais célèbre et impatiemment attendue Rue du Rock. Chaque année depuis 2013, le dernier dimanche de septembre, la rue Consolat (1er) prend des allures de festival. De 13h à la tombée de la nuit, une vingtaine de groupes des Bouches-du-Rhône se produisent en extérieur pour faire résonner au grand jour le rock phocéen qui fait vibrer les caves tout au long de l’année. Nous avons rencontré les membres de l’association Phocéa Rocks, porteuse de l’événement.
Petit saut dans le temps. 2013. Marseille Capitale Européenne de la Culture. La culture ? Vincent Palacio, ex-batteur des Nitwists, groupe noise marseillais et pilier de la scène alternative, a bien envie de la montrer, sous des traits authentiques et réalistes. La culture du rock, des rocks. Cette culture qu’aucun événement ne fait reine. « On voulait montrer qu’il y a aussi une contre-culture ou du moins une culture parallèle qui existe, qui est forte et vibrante », explique Stephan, fondateur et membre au cœur tendre de Phocéa Rocks. Vincent réunit des activistes. Ils se connaissent déjà quasiment tous. « On peut presque dire que Phocéa Rocks est né à la Machine à Coudre. » Avec ces musiciens, amateurs et acteurs de la musique, il monte l’asso et organise quelques concerts, ainsi que la première édition de la Rue du Rock pour rapidement se focaliser principalement sur ce rendez-vous annuel détonnant.
L’ambition et la motivation, vives et fortes malgré les difficultés du milieu culturel, restent intactes. Aude-Lise, présidente de l’association, rappelle le rôle crucial des petites salles dans la survie de cette journée : il s’agit de « donner une visibilité de jour, en pleine rue, de ce qui se passe la nuit, dans les caves rock de Marseille. » « Une fois de l’année, on sort des caves, mais allez dans les caves, c’est là que ça se passe ! », ajoute Stéphan. Il faut dire qu’à Marseille, la musique s’exprime dans tous les coins de l’ultra centre, semblable à un cœur aux artères gorgées de son, qui tachycarde semaine après semaine au rythme effréné de dizaines de concerts souterrains. Stephan, qui référence également l’agenda du Vortex, a dénombré pas moins de 116 concerts alternatifs rien qu’en septembre. « Cette ville est quand même incroyable, tu peux te faire un programme musical de folie, t’organiser quatre/cinq concerts le même soir, t’as quoi comme ville en France qui fait ça ? », surenchérit Aude-Lise, subjuguée comme au premier jour de la toile musicale phocéenne.
Cette folie, cette effusion, cette offre incessante, ce réseau intramuros à la fois dense et inconnu des clichés provinciaux, c’est tout cela que l’association met à l’honneur à travers ce qui s’apparente à une véritable célébration. Une célébration du rock certes, mais surtout celle de la diversité, celle des styles, des âges, des origines. « On est tous des mosaïques. »
Ainsi, avec pour seules conditions que la formation soit originaire des Bouches-du-Rhône et qu’elle ne se soit jamais produite sur les scènes de la Rue du Rock, les membres de Phocéa offriront aux oreilles expertes et novices une sélection de vingt-trois groupes de la région aux univers distincts répartis sur huit lieux. On se baladera dans les rues Consolat, Chevillon et des Abeilles, papillonnant du rock indus des vétérans du groupe Grrzzz à la post-pop des petits jeunes de Parade. On se mêlera à la foule de la grande scène place des Réformés, en (re)découvrant le rock gnawa de Ferraj. On se croisera, badauds, habitants du quartier, touristes, jeunes, vieux, crêteux, enchemisés, amoureux, esseulés, nous enivrant librement de la rumeur des guitares saturées, des boîtes à rythmes, de pop-rock enjouée, d’électro acoustique, de trip-hop, de voix douces ou rocailleuses, de cris et de tendres mélodies. On y retrouvera de nombreux stands, de labels indépendants mais également humanitaires et d’action sociale, tels que le Collectif du 5 Novembre ou El Manba, et on s’empressera d’acquérir le célèbre t-shirt Phocéa, signe de reconnaissance de tout bon défenseur de la scène alternative en terres phocéennes.
Aimons et soutenons ce genre d’initiatives de passion, qui font de la musique une arme de rassemblement, de parole et une ode à la pluralité. La scène alternative marseillaise est une force, investissons les petites salles et, ainsi, participons à sa survie.
Lucie Ponthieux Bertram
La Rue du Rock : le 29/09 dans la rue Consolat et alentours (1er).
Rens. : http://phocearocks.org/
La play-list des groupes à découvrir le 29
Mini-festival de sortie du tome 2 du livre de Marseille Rock : le 29/11 au Makeda (103 rue Ferrari, 5e).
Rens. : www.facebook.com/events/358173078405056/