Small Is Beautiful du 6 au 23 octobre à Marseille
It was beautiful !
Small Is Beautiful, le rendez-vous urbain concocté par Lieux Publics, s’est révélé à la hauteur de nos attentes. Revue de quelques-unes des propositions, toutes plus farfelues les unes que les autres, qui nous ont fait (re)découvrir la ville autrement.
Stephen Bain – Baby, where are the fine things you promised me ?
Tiens, une drôle de maisonnette trône sur le Vieux Port, et il faut s’accroupir sur le gazon synthétique pour enfin apercevoir son bien étrange propriétaire. Assis en tailleur, sa tête touchant le plafond, à l’instar d’Alice coincée dans une maison trop petite pour elle, il nous invite à prendre le thé, bavasser ou écouter un brin de musique qu’il exécute sur son piano miniature. Le paillasson à l’entrée porte une phrase lourde de sens, qui nous éclaire sur le pourquoi du comment de ce bien intrigant objet dans notre paysage urbain. A l’entrée du mini cottage, une superbe boîte aux lettres attend justement les réflexions, impressions et émotions des visiteurs.
Pascale Arnichand
Victor B. – Trop de Guy Béart tue Guy Béart
Affublés d’écouteurs et de gilets verts estampillés « Nature en Ville, Ville en Vie », nous partons pour une ballade végétale et urbaine au cœur d’un quartier de Marseille, guidés par Coco et Fifou, deux toqués de nature sauvage. Le refrain nous enveloppe, la nature est belle, la nature est musique, la nature est refuge, la nature est amour et tout ça, au rythme de Guy Béart… On s’acoquine avec les deux acteurs, qui nous bluffent à chacun de leurs ébahissements, provoqués au moindre jaillissement d’une quelconque mauvaise herbe émergeant d’un pavé ou au beau milieu d’un terrain vague. L’épopée se termine en apothéose lorsque, devant les caméras du tram, nous réalisons un vibrant hommage à l’amoureux de coco, mimant les bougies s’allumant puis s’éteignant d’un gâteau d’anniversaire fictif.
Pascale Arnichand
ZEVS – Réminiscences
Aghirre Schwarz, artiste urbain en résistance connu sous le pseudo de ZEVS, s’est emparé du 13 au 16 octobre de la Vieille Charité et de ses alentours. Les traces (effectuées à l’aide de pigments qui apparaissent à la lumière noire) persistent encore, comme des témoignages invisibles. Croix, étoiles et messages s’invitent sur les parois du Panier : le petit train touristique les révèle à son passage. Seules quelques centaines de voyageurs ont pu bénéficier de ce parcours à la fois sonore (on doit la conception de la bande son à Alain Broders) et visuellement émouvant. A l’intérieur de l’hospice, la foule de silhouettes aux superbes contours nous accompagnaient sur l’Adagio for Strings de Samuel Barber. Les spectres éphémères en enfilade étaient les compagnons des visiteurs arpentant en silence dans la nuit les arcades : comme une colonie d’errants rendant hommage aux vagabonds du Moyen-âge, nous étions les élus d’une société secrète venus sonder nos propres maux… Quand l’art stigmatise la souffrance en la changeant en pure vision.
Marika Nanquette-Querette
Ici-même (Paris) – Allô, ici-même
Alors que les nouvelles technologies n’ont jamais été si présentes — et oppressantes —, ce « polar géopolitique urbain » propose une réflexion à la fois critique et ironique sur les phénomènes médiatiques et la société du spectacle. Mais Allô, ici-même (IM pour les initiés) se révèle avant tout un jeu de rôles grandeur nature, à la frontière entre réalité et fiction. Guidé par une vidéo diffusée sur un téléphone nouvelle génération, équipé d’une oreillette (« sa voix ») et d’accessoires farfelus, le specta(c)teur partira à l’aventure en pleine ville à la découverte de son propre personnage, pénétrant des lieux inattendus et interagissant avec les autres afin d’ourdir et/ou de déjouer un complot intergalactique. Au final, une expérience (d)étonnante et drôle, qui porte en filigrane des problématiques actuelles sur le devenir urbain.
CC
O.p.u.s – La Quermesse de Ménétreux
Le prestigieux comité des fêtes de la pittoresque bourgade bourguignonne de Ménétreux investit le Boulodrome de Saint André. On y découvre la kermesse traditionnelle du village, accueillant le public avec la bonhomie provinciale de circonstance. Concours de lancer de frigo, tiercé de renards empaillés, tirs à la fronde des assiettes de nos grands-mères… : les compères de cette joyeuse fête foraine nous ravissent en gags burlesques et personnages délicieusement ruraux ! On y rit, on y boit une gorgée de « piquette » entre deux bourrasques de mistral glacé, entre deux tours de carrousel en panne, où l’on est obligé de courir en rond tous en chœur pour le plaisir de tourner manège ou en attendant le verdict de la Grande Tombola municipale. On se surprend ce soir à distribuer quelques sourires autour de soi, envahi par cette douce euphorie…
Hannah Devin
Small Is Beautiful s’est déroulé du 6 au 23 octobre à Marseille, Martigues & Aubagne