La Semaine asymétrique au Polygone étoilé
L’image manquante
Laboratoire cinématographique d’exception à Marseille, le Polygone étoilé propose sa Semaine asymétrique, soit neuf jours de projections et de partages afin d’interroger collectivement le sens dans l’acte de filmer.
Jean-Luc Godard l’évoquait en son temps, dans sa Lettre à mes amis pour apprendre à faire du cinéma : « Se regarder / Dans le miroir des autres / Oublier et savoir / Vite et lentement / Le monde / Et soi-même / Penser et parler / Drôle de jeu / C’est la vie. » Ce texte, paru dans l’Avant-scène Cinéma de mai 1967, et repris sur le site de l’excellente revue Dérives, sonne en contrepoint de cette semaine hors norme que déroule chaque année l’équipe du Polygone étoilé. En écho avec les expériences développées tout au long de l’année, l’approche cinématographique de la Semaine asymétrique ne limite pas l’acte de création à la production de l’œuvre stricto sensu, mais développe une praxis de l’image en mouvement, conduisant à la singularité des démarches artistiques : une singularité qui prendrait en compte l’échange, le partage, l’expérience collective, la distribution comme pensée même de l’œuvre. Julien Gourbeix, membre de l’équipe, tient à préciser que « ceci n’est pas un festival mais une adresse, un temps, une mise à disposition du Polygone étoilé à l’attention directe de cinéastes de tout horizon, qui s’invitent ici pour montrer leur film, et entrer en dialogue avec d’autres cinéastes. » La Semaine asymétrique est ainsi traversée d’une dynamique qui pourrait considérer, comme le soulignait Walter Benjamin, que « l’image est dialectique, point de rencontre des forces qui s’opposent et se conjuguent. » Et il s’agit bien ici de s’interroger collectivement sur ces résistances (dans leur sens physique), démarche total(itair)ement absente de toutes manifestations d’images en mouvements. Julien Gourbeix rajoute : « Il s’agit également d’un laboratoire où se redéfinissent des stratégies de défense et de soutien du cinéma indépendant, au-delà des cadres de diffusion et de production existants. » Ainsi, tout au long de cette semaine, le Polygone étoilé accueillera une cinquantaine de films, en présence de leurs auteurs. La politique de diffusion d’œuvres, très identifiable, reste inchangée : toutes les projections sont gratuites, et se prolongent à l’étage autour d’une tablée collective où l’échange perdure. Laissons à Julien Gourbeix le soin de conclure : « Au cœur de cette semaine, rappelons entre autres quelques moments-clés : la diffusion des films d’ateliers, la soirée spéciale organisée avec Dérives autour des films de Stephen Dwoskin, et toujours la présence régulière des anciens, de Mario Brenta à Boris Lehman, en passant par Tonino de Bernardi. »
Emmanuel Vigne
La Semaine asymétrique : du 23/11 au 1/12 au Pollygone étoilé (1 rue Massabo, 2e).
Rens. www.polygone-etoile.com/
Programmation détaillée sur http://semaineasymetrique2013.blogspot.fr