La série sur le gâteau – Kyle XY
Kyle XY
De prime abord, Kyle a tout d’un adolescent normal — si l’on veut bien faire abstraction de son hallucinant regard bleu ciel sans nuage un chouïa flippant. Il engloutit des céréales au petit-déjeuner, joue dans l’équipe de basket du lycée, vomit comme il se doit après une soirée bien arrosée et est amoureux de sa girl next door de voisine. Sauf qu’à y regarder de plus près, Kyle est du genre particulier. Il n’a pas de nombril, ne peut dormir ailleurs que dans une baignoire, possède des capacités physiques extraordinaires, façon L’homme qui valait trois milliards sans le bruitage couillon, et développe une activité cérébrale anormalement élevée, de celle qui le verrait rester toute sa vie dans le fauteuil du champion de Tout le monde veut prendre sa place. Bref, pour faire court et reprendre une chanson célèbre d’Alain Bashung, « ça cache quelque chose… » En effet, retrouvé quelques mois auparavant dans une forêt de Seattle nu comme un ver, sans le moindre souvenir, tel un nouveau-né venu au monde après une grossesse de seize ans (sic), le naturiste, adopté par une famille bien sous tous rapports, suscite déjà l’intérêt d’un organisme opaque, connecté, bien entendu, au gouvernement — icelui avide de trouver des réponses aux origines mystérieuses de Kyle et d’étudier ses incroyables capacités. Entre John Doe (pour le réveil amnésique et le Q.I. de 485), X-Files (pour le complot gouvernemental mâtiné d’expérience génétique et de rencontre du troisième type) et Freaks & geeks (pour son approche teen oblique), Kyle (XY parce qu’il a une zigounette) est une série éminemment sympathique qui a conquis, lors de son lancement, critiques et téléspectateurs US. Avant de surprendre la chaîne ABC qui ne s’attendait pas à aller au-delà des dix épisodes de la saison 1. Parfaitement troussée par Eric Bress et J. Mackye Gruber, qui s’y connaissent en ados perturbés plongés dans une ambiance paranormale — Destination finale et L’effet papillon, c’est eux —, Kyle XY est moins un show sur un adolescent « fantastique » que sur l’apprentissage de la vie. A l’instar de Buffy qui tuait des vampires comme on affronte les montagnes russes de l’adolescence, Kyle éprouve la vie pour être enfin l’acteur de la sienne. Comme de coutume, ce n’est pas tant la destination que le voyage qui importe.
Henri Seard