La Série sur le gâteau : The Big Bang theory
De l’aveu même du co-créateur Chuck Lorre (l’homme derrière l’hilarant Mon oncle Charlie), The Big Bang theory, sa dernière sitcom en date autour d’une bande de geeks complètement frappadingues, n’était « pas faite pour durer ». Jusqu’au miracle de l’audimat : lancée aux USA en septembre 2007 dans l’indifférence générale, avec la grève des scénaristes en ligne de mire, le show fit rapidement l’unanimité, réunissant chaque semaine près de dix millions de téléspectateurs enthousiasmés par le quotidien, absurde et drolatique, de quatre scientifiques perturbés par l’arrivée de Penny, la blonde voisine « cartésienne » aux formes généreuses. Au point que CBS, qui ne voyait en cette énième sitcom qu’un aimable « amuse-gueule » avant le festin royal de How I met your mother, donna le feu vert pour une seconde saison — qui cartonne outre-Atlantique. A juste titre, puisque centrée autour d’un décalage aussi incroyablement surréaliste qu’irrésistiblement burlesque entre quatre « matheux » asociaux — férus de jeux vidéos, de comics et d’équations en tous genres — et une jeune femme plus normée, The Big Bang Theory relate un combat impossible et vieux comme le monde : la (non) communication entre premiers de la classe et la pom-pom girl. Aussi, délestée de ses oripeaux nerd, TBBT peut également se regarder comme une relecture du cartoon 70’s d’Hanna Barbera, Scooby-Doo. Avec, par ordre d’apparition à l’écran, Fred/Sheldon, le cerveau (malade) de la bande, Véra/Léonard, le bras droit à lunettes, Sammy/Wolowitz, le gaffeur coiffé comme un Beatle mais plus laid que Ringo Starr, Scooby/Rajesh, le mutique peureux qui remue la queue à la vue des filles, et Daphné/Penny, faire-valoir ingénu et sexué du « Scooby/Theory gang ». A ceci près qu’il n’est pas question ici de fantômes, de vampires et autres sorcières. Les seuls mystères qui se jouent étant ceux de quatre brillants couillons désarmés devant la « vraie vie », les relations humaines ou les sentiments amoureux. Avec un petit bout de femme en guise de professeur de vie. En théorie, seulement…
Henri Seard