La Serva Amorosa présenté au Théâtre du Gymnase

La Serva Amorosa présenté au Théâtre du Gymnase

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Une servante bien proprette

Au Gymnase, Christophe Lidon a proposé une version un peu trop lisse de La Serva Amorosa, heureusement chahutée par la présence burlesque de Robert Hirsch.

Rien de dépasse, rien de s’effiloche, rien ne dénote au goût de cette soirée de première de La Serva Amorosa. Un fauteuil moelleux pour une représentation tout en rondeur, tout en plaisir, tout en politesse. La servante Coraline fera tout pour restituer l’honneur de son jeune maître, proscrit par son père. Honneur de la lignée, devoirs matrimoniaux, enjeux d’héritage… tous les ressorts dramatiques d’une intrigue du XIXe siècle sont en lice. Une scénographie magistrale reluisante de parquets cirés, sur laquelle virevoltent Coraline, Arlequin, Ottavio et leurs comparses pour nous livrer une comédie un peu trop sucrée, « comme une bonne partie de cartes jouée entre amis ». Certes, l’énergie généreuse de cette joyeuse équipe ne peut que nous séduire, mais le « plaisir du théâtre » qu’invoque Christophe Lidon dans sa note d’intention ne s’invoque-t-il donc que dans un rythme propre, sans brèche, sans dérapage du réel ? On cherche sur scène le flux tendu des masques qui donnaient au texte de Goldoni sa dimension instantanée et directe, qui n’occultaient plus l’acteur, qui faisaient du réel de la représentation un éternel rebondissement. On scrute les yeux de Clémentine Célarié, si honorable et vertueuse en servante amoureuse, sans parvenir à croiser son regard. Heureusement, on respire au contact d’un Robert Hirsch foudroyant en patriarche décrépi mais impitoyable, nous livrant de plein fouet sa diablesse de trogne.

Texte : Hannah Devin
Photo : Cosimo Mirco Magliocca

La Serva Amorosa était présenté du 9 au 20/11 au Théâtre du Gymnase