Saison décidément prolifique : un festival de cinéma chasse l’autre, l’Allemagne et l’Espagne laissant place au(x) Cinéma(s) de Tunisie. Organisée par l’Aflam et soutenue entre autres, pour le tirage de copies, par le Ministère tunisien de la Culture et du Patrimoine, une manifestation qui va nourrir notre appétit cinéphilique par la richesse et la rareté des œuvres proposées. Petit tour d’horizon
Incontestablement, la Tunisie fut l’un des pays du Monde Arabe les plus sensibles à la question cinématographique. Un pays qui s’est toujours enorgueilli d’un parc de ciné-clubs parmi les plus fournis d’Afrique, son histoire avec le septième art s’étant rapidement désolidarisée de la production massive et populaire de mélodrames et autres comédies musicales que l’on retrouve chez ses voisins maghrébins. Le cinéma d’auteur tunisien retentit encore à nos oreilles lorsque l’on cite à la volée L’homme de cendres, Les silences du palais, Halfaouine ou Mokhtar. Et ce, pour de nombreuses raisons : un public acquis au cinéma national, une forme de censure plutôt souple comparée aux autres pays du Maghreb, un fort intérêt du public pour le cinéma d’auteur. Il semble cependant que l’explosion des supports (vidéo, télé, Internet…) ait porté un mauvais coup à cette évolution. On note en effet, depuis une dizaine d’années, une difficulté réelle dans la réorganisation économique face à ce contexte, même si de jeunes cinéastes semblent émerger derechef, comme le souligne le réalisateur Ferid Boughedir : « Certains nouveaux cinéastes tentent de reproduire les recettes du succès de leurs aînés… D’autres cherchent dans des directions radicalement différentes. » L’occasion pour Aflam, structure très efficace en matière de diffusion des cinémas du monde arabe, de proposer au Variétés un portrait forcément non exhaustif des cinématographies tunisiennes. Un petit tour d’horizon en seize films, dont la moitié postérieurs à 2000, qui permettront au spectateur de saisir toute la finesse et la sensibilité de cette production, qui a su aborder des thèmes aussi divers que les luttes pour l’indépendance, la difficulté des femmes à s’imposer ou les méfaits de l’économie. La présence de réalisateurs tels Mahmoud Ben Mahmoud (dont deux films sont présentés ici), Nidhal Chatta ou Abdellatif Ben Amar sera d’autre part l’occasion d’approfondir notre culture sur une cinématographie paradoxalement peu ou mal représentée.
Sellan
Cinéma(s) de Tunisie. Du 8 au 11 au Cinéma Variétés. 3 €/séance