La Trocadance 2022
Les enfants du troc
La Trocadance, késako ? Une expo rue de la République où, pour acquérir les œuvres, pas besoin de sortir le carnet de chèque, juste vos post-it. Pour la dixième édition, reportage « embedded » !
La nature a horreur du vide. Les murs et l’être humain aussi. C’est comme ça qu’on peut résumer cette drôle d’expo qu’est la Trocadance et… notre participation à celle-ci ! Pourtant, on est tout sauf artiste. Mais, outre qu’on a bossé des années dans la presse associative, lors de nos errances, on a croisé un éditeur belge qui nous a proposé nuitamment, alors qu’on n’est pas dessinateur, de faire… un fanzine ! D’où trois numéros d’une publication artisanale autour d’une figure de la nuit, Dj Francis la Night.
Quand soudain surgit l’appel à contribution de la Trocadance, cette expo imaginée par Marseille 3013, le prolongement du « Off » de la Capitale européenne de la culture. Nous voilà donc à proposer une installation autour de nos fanzines au patron de la Trocadance, Stéphane Sarpaux. Qui, accessoirement, fut jadis notre collègue au mensuel le Ravi. Mais, si notre « œuvre » a été retenue pour la dixième édition, ne voyez là aucun favoritisme ! Juste l’envie de ne pas — trop — se prendre au sérieux.
Car la Trocadance, c’est une expo où, pour acquérir une œuvre, pas besoin de sortir votre carnet de chèque. Il suffit d’un post-it sur lequel vous noterez votre proposition de troc et vos coordonnées. Comme l’explique Stéphane, « ça remonte avant 2013. On s’est rendu compte que la ville attirait — et c’est encore le cas — pas mal de jeunes, des artistes… Mais, à Marseille, de l’argent, il n’y en a pas. En revanche, tout le monde a des plans. Alors, on s’est dit que, pour rendre l’art accessible, le plus simple, c’était le troc. Ca existe depuis des années à Bruxelles. Mais c’est très BCBG. Nous, pas vraiment. Et de noter : Si, une fois, quelqu’un a voulu troquer sa moto contre une œuvre, y a jamais personne qui s’est vu proposer un repas au Petit Nice. Mais y a des “vagues”. Y a eu une période “séance de kiné”, des propositions autour du tourisme… Mais le pire, c’est de ne se voir rien proposer du tout ! »
L’idée, dans cette rue de la République toujours un peu en friche, c’est de s’ouvrir au maximum. « On va laisser le temps d’un week-end les clés à nos voisins du dessus, un couple d’origine corse. Ils ont soixante-dix ans et vont faire un loto, un thé dansant. Et, comme l’an dernier, on va accueillir des écoles et un centre aéré. Car le troc, c’est vraiment un truc de mômes. Leurs propositions sont géniales ! Y en a qui sont prêts à donner leurs playmobils. D’autres à cuisiner un cake… »
Si l’an dernier, la Trocadance avait reçu une subvention de la ville, cette année, rien : « On ne fait plus partie des manifestations prioritaires, soupire Stéphane Qu’importe. On va continuer à faire ce qu’on fait. » Une décision dont il pourra peut-être discuter avec Christophe Hugon, un élu qui fait partie des cinquante-deux exposants.
Qui, cette année, vont pouvoir animer des ateliers : « C’est à l’image du lieu où l’on est, insiste le directeur de Marseille 3013. On a un bail précaire, mais on accueille tout le temps du monde car on n’est pas cher et on laisse les gens faire ce qu’ils ont envie. » Donc si vous voulez apprendre à faire des fanzines avec un journaliste qui ne sait pas dessiner, vous savez où aller !
Sébastien Boistel
La Trocadance : du 6 au 17/12 à Marseille 3013 (52 rue de la République, 2e).
Rens. : www.facebook.com/marseille3013
www.facebook.com/franckylanight