La vérité 25x par seconde présenté à la Salle Vallier
La vérité est ailleurs
La rencontre de la danse et de l’art contemporain peut s’avérer riche de sens, stimulante. Ce n’est malheureusement pas le cas de La Vérité 25x seconde, création du Ballet National de Marseille issue de la collaboration entre Frédéric Flamand et l’architecte-plasticien Ai Weiwei.
« Pour bien voir la terre, il faut la regarder d’un peu loin », écrivait Italo Calvino dans Le Baron perché. Mais à trop s’éloigner, Frédéric Flamand finit par se perdre et desservir ce qui semblait justifier sa création : le conte philosophique de Calvino, les échelles, la vidéoprojection et la référence très téléphonée à Godard, pour qui « le cinéma, c’est 24x la vérité par seconde. »
Il est fort regrettable que les éléments empruntés à l’art contemporain aient été réinvestis dans une dimension purement décorative mais jamais problématique. A aucun moment ou presque il n’y a d’interaction entre les danseurs et les échelles, qui ne représentent pour eux qu’un décor. Elles ne sont presque jamais un partenaire, un élément quasi vivant contre lequel danser, un « animal à dompter », comme le promettait le programme. Il y a certes deux ou trois moments où l’on sent cette tension, cet échange entre plastique et danse : quand une danseuse traverse la scène de droite à gauche, lentement, péniblement, traînant avec elle cinq échelles au milieu desquelles son corps est prisonnier. Mais c’est tout. Au final, ce beau spectacle de danse plutôt classique passe à côté d’une opportunité d’enrichissement avec l’art contemporain.
Texte : Nathalie Boisson
Photo : Pino Pipitone
La vérité 25x par seconde par le Ballet National de Marseille, dans le cadre des Hivernales : le 25/02 à l’Opéra-Théâtre d’Avignon et des Pays de Vaucluse. Rens 04 90 32 92 28 / www.hivernales-avignon.com