La Ville prépare une révolution de palais au Parc Chanot avec une mini arena
La Ville prévoit de gros travaux pour donner un nouveau visage au Parc Chanot. Nouvelle allée traversante ouverte au public, arbres plantés en pleine terre, palais détruits et reconstruits… Le nouveau parc des expositions prévoit même une salle des spectacles en remplacement du Dôme. Le tout géré dans le cadre d’une délégation de service public de trente ans.
Tout détruire pour reconstruire. Cette formule révolutionnaire guide le projet que la Ville souhaite mettre en œuvre au Parc Chanot. Lors du prochain conseil municipal, le 25 juin, la Ville va proposer une nouvelle délégation de service public pour l’exploitation de l’actuel parc des expositions Chanot. Construit sur l’emprise de la première exposition coloniale en 1906, celui-ci est géré par la Safim depuis lors.
La convention qui lie la Ville depuis 1985 à cette filiale de Veolia avec mise à disposition gratuite arrive à terme en décembre 2019. La Ville a donc décidé de revoir de fond en comble ce parc « en partie vétuste » pour offrir un nouvel écrin attractif au tourisme d’affaires. C’est en tout cas ce qu’on peut lire dans un rapport soumis au dernier comité technique de la Ville que Marsactu a pu consulter.
« Grande allée plantée publique »
Le document décrit par le menu le programme de travaux qui vise à repenser le rôle du parc « dans son environnement immédiat ». La restructuration du quartier autour du stade Vélodrome et du nouveau centre commercial a ringardisé l’ancien parc construit dans les années 60. Le nouveau plan de prévention du risque inondation est également passé par là. L’ensemble du secteur est concerné par un risque d’aléa fort du fait de la proximité de l’Huveaune. Le secteur a d’ailleurs fait l’objet d’une négociation poussée entre le service d’urbanisme municipal et l’État au moment de la concertation autour du plan de prévention du risque inondation, l’an dernier (lire notre article).
Pour répondre à ce risque, la Ville mise sur la porosité, au sens propre et figuré. Au sens figuré, la Ville prévoit d’aménager sur ses propres deniers une « grande allée plantée publique réservée aux piétons et autres modes de circulation douce » qui irait du rond-point du Prado à l’esplanade Ganay et, au-delà, au palais des sports et au métro Dromel. « Une grande esplanade paysagère » occuperait le centre du nouveau Parc Chanot « pour des usages urbains et expositions de plein air. » Pour le sens propre du mot, l’idée forte est de remettre en pleine terre de nombreux espaces aujourd’hui goudronnés. Le site serait également replanté pour réduire les îlots de chaleur.
La fin des boîtes à chaussures et du Dôme
Côté gros travaux, le projet propose d’inclure dans le futur contrat la démolition du grand palais qui occupe le fond du Parc Chanot et de le déplacer pour créer un parvis avec l’esplanade Ganay tout en conservant sa façade. Il en serait de même avec le palais phocéen et celui de la Méditerranée, les deux plus grandes boîtes à chaussures situées à proximité du boulevard Rabatau. L’ensemble des halls reconstruits doit permettre « d’atteindre une surface minimale de 40 000 m2 d’exposition » là où les palais appelés à disparaître cumulent 27 700 mètres carrés. La Ville prévoit également la construction d’un nouveau bâtiment appelé « espace de prestige » à l’architecture « remarquable et visible (…) vecteur de la nouvelle identité du Parc Chanot. » Toujours en liaison avec la logique de porosité et le risque inondation, la ville imagine des liaisons entre les halls par des passerelles situées au premier étage et une construction sur pilotis pour le nouveau « bâtiment contemporain ».
Cerise sur le gâteau, dans ce nouveau projet de délégation de service public, deux scénarios sont possibles. Le premier reprend les « fonctions actuelles du parc des expositions » et l’autre intègre un « grand équipement multifonction de type grande salle évènementielle ». Dit comme ça, le projet ressemble beaucoup à une arena, une hypothèse que la Ville a longtemps caressée. Prévue pour accueillir 7 à 8000 spectateurs — une jauge comparable à l’Arena d’Aix —, celle-ci est plutôt envisagée comme une réponse à l’obsolescence du Dôme et du Palais des Sports voisin. Cela signifie aussi que ces salles aujourd’hui gérées en régie municipale seraient concédées à la future société en charge de la délégation de service public.
Subvention à négocier
Côté montage financier, pas de surprise, la Ville ne souhaite pas revenir à une gestion directe. La mairie a choisi une « concession globale de travaux et services ». Un opérateur privé devra donc assurer la construction et l’exploitation du lieu, un peu à l’image du Vélodrome voisin. La Ville subventionnerait tout de même en partie les travaux d’équipement. Au bout des 25 à 30 ans de la future concession, la Ville récupérerait le nouveau parc des expositions. En revanche, selon le document soumis à l’approbation du comité technique, « le montant de cette subvention sera négocié dans le cadre de la procédure de mise en concurrence. »
Les travaux envisagés interviendront en deux phases. La première entre 2022 et 2023 et la seconde entre 2025 et 2026. Quant aux montants, ils sont conséquents et varient selon qu’ils incluent ou pas la future arena. Dans le scénario sans salle de spectacles, le futur concessionnaire devrait avoir à sortir entre 118 et 123,9 millions hors taxes tandis que les travaux d’aménagements urbains sont évalués entre 24,8 et 25,9 millions d’euros. Dans le scénario avec le nouveau Dôme, la facture bascule sur une fourchette située entre 194,5 à 204,3 millions pour les bâtiments et entre 27,6 et 28,8 millions d’aménagements urbains.
Heureusement pour le futur concessionnaire, ce grand chantier est suffisamment décalé dans le temps pour lui permettre d’accueillir les 20 000 participants du congrès mondial de la nature prévu pour être organisé en 2020 au Parc Chanot. De quoi remplir les caisses du concessionnaire avant de lancer les travaux.
Benoît Gille