La Warner a 100 ans (1ère partie) à l’Institut de l’Image
Bros dure
À l’occasion des cent ans de la Warner Bros, l’un des plus anciens studios hollywoodiens, l’équipe de l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence nous propose en juin son nouveau cycle, consacré aux plus grands opus de la firme américaine, soient certaines des pages les plus importantes de l’histoire du cinéma.
De Pierre Bourdieu à Howard Zinn, les penseurs et penseuses furent légion pour rappeler que bien souvent, l’histoire s’écrivait depuis les marges. Celle du cinéma n’en fit pas l’économie, comme nous tentons d’en témoigner dans ces colonnes. En revanche, la question industrielle reste prégnante, et il serait inepte de l’écarter d’un revers. Il faut bien avouer, par ailleurs, que l’aventure des grands studios, en l’occurrence hollywoodiens, est indissociable d’une historiographie même de l’image en mouvement. Henri Langlois et Freddy Buache n’ont d’ailleurs jamais cessé de le rappeler. Et parmi eux, l’un des plus vieux empires de la côte ouest américaine, la Warner, qui souffle aujourd’hui ses cent bougies. Fondée par quatre frères aventureux, la major reste l’une des plus anciennes entreprises, aux côtés de la Paramount et d’Universal, et c’est peu dire que des studios sortirent les plus belles pages du cinéma mondial. De nombreuses anecdotes passionnantes fourmillent dans l’excellent documentaire de Leslie Iwerks, 100 years of Warner Bros, dont nous pourrions citer deux exemples parmi tant d’autres : comment la firme fut sauvée de la banqueroute avant de rebondir grâce aux évolutions technologiques (le parlant) développées dans Le Chanteur de jazz d’Alan Crosland, qui fut un immense succès, ou le contrat d’exclusivité signé avec Stanley Kubrick, lui laissant une liberté totale dans la réalisation des plus grands chefs d’œuvre de l’histoire. Le Chanteur de jazz : c’est justement l’un des films qui sera à l’affiche du nouveau cycle de l’Institut de l’Image d’Aix-en-Provence, consacré donc aux cent ans de la Warner Bros. Une occasion unique de voir se déployer sur grand écran les plus beaux films présents au catalogue du mastodonte américain, à commencer par Casablanca de Michael Curtiz, récompensé en 1944 par trois Oscars, et dont les dialogues ne cessent d’habiter notre vie de cinéphiles, de « Play it again, Sam » à « Louis, ça pourrait être le début d’une belle amitié ». Autre opus majeur qui se fit l’écho, en 1955, de toute une génération en ébullition, se déhanchant par ailleurs sur la danse du diable que représentait le rock’n’roll : La Fureur de vivre de Nicholas Ray, où le duo James Dean / Natalie Wood marquera à jamais les esprits. Cette rétrospective ne pouvait être pertinente sans une œuvre du maître Stanley Kubrick, et nous accourrons (re)voir sur grand écran l’inoxydable Orange mécanique, qui sera l’occasion d’une conférence Censure et autocensure au cinéma par le critique Adrien Dénouette. Car l’opus de Kubrick fut — entre autres — longtemps interdit en France, comme en Italie et en Espagne. Accusé d’avoir libéré dans la jeunesse de ces années 70 une ultra violence ayant même poussé au meurtre, sa sortie fut entachée de nombreux incidents. C’est dire la puissance qu’exerçait Stanley Kubrick auprès de la Warner, puisque le cinéaste obtint l’arrêt de l’exploitation en Angleterre, où il vivait. Enfin, parmi les films sélectionnés lors de ce nouveau cycle, citons également 42e rue de Lloyd Bacon, Les Aventures de Robin des Bois de Michael Curtiz et William Keighley ou Les Gens de la pluie de Francis Ford Coppola.
Emmanuel Vigne
La Warner a 100 ans (1ère partie) : du 7 au 30/06 à l’Institut de l’Image – Cinéma de la Manufacture (Aix-en-Provence).
Rens. : www.institut-image.org