Laboratoire Poison par la Cie Little Big Horn
L’une des réflexions à filer dans le Théma « Mémoire(s) » des théâtres Liberté et Châteauvallon démantèle les mécanismes des mouvements de résistance. Évitant la flagornerie d’un constat lissé et racoleur, l’auteure et metteuse en scène Adeline Rosenstein, aguerrie au théâtre documentaire, insuffle dans Laboratoire Poison un vent de présent bienvenu aux récits qui nous sont parvenus. Sa dramaturgie sociologiquement renseignée questionne les non-dits des archives caviardées avant de se teinter d’un humour bien cuisant. De la collaboration « passive » à « stratégique », de la traîtrise à la manipulation, jusqu’à l’éthique de la fausse dent de cyanure, le Laboratoire rejoue les « résistances, ruses, libérations, trahisons », expériences incontournables des résistances collectives. Pièce montée en quadriptyque, depuis les luttes antinazies jusqu’aux luttes anticoloniales (France, Belgique et Portugal), les documents sont repensés, les récits sont critiqués et la théâtralité est réflexive, pour fournir une réactualisation fleuve de l’histoire officielle, qui s’annonce poignante, et mobilisante.
MD