L’appel du 8 juin
Garder le cap
L’association SOS Méditerranée organise le jeudi 8 juin à la Criée une soirée exceptionnelle sous forme d’appels au don. Coulisses.
« L’idée de l’appel du 8 juin est née d’une rencontre avec l’équipe de la Criée, raconte Sabine Grenard, responsable de l’organisation des événements à SOS Méditerranée. Macha Makeïeff, la directrice du théâtre, est rapidement rentrée au comité de soutien et nous a proposé davantage qu’une soirée classique : un événement pluridisciplinaire. » Ainsi, le 8 juin à la Criée, seront proposés lectures, projections, témoignages, débats et musique. « L’occasion de donner la parole à des bénévoles, des sauveteurs, des rescapés, mais aussi de montrer l’ampleur de l’association, à bord comme à terre. » Jean-Yves Abécassis, bénévole depuis la naissance de l’association, renchérit : « SOS Méditerranée a été créée il y a deux ans seulement. Depuis, un fil invisible de solidarité s’est tissé autour. L’idée de cette soirée est de réunir ces solidarités, de faire ressortir une conscience collective. » On peut imaginer que c’était là le premier objectif de Klaus Vogel et Sophie Beau, fondateurs de l’association. « Notre besoin de fonds est constant, précise Sabine. Une journée de sauvetage en mer a un coût. » Et il s’élève à onze mille euros. Face au non engagement des États, la recherche de fonds comme la sensibilisation, aux jeunes et moins jeunes, est une nécessité.
« Il n’y a pas un jour en France où SOS Méditerranée n’organise pas d’actions de sensibilisation », précise Sabine. Jean-Yves revient sur les interventions en collèges et lycées : « Les jeunes ont une réaction à la fois constante et rassurante : une très grande incrédulité. Pourquoi les États ne font-ils rien ? Pourquoi laisse-t-on les gens se noyer ? Ils ne sont pas blasés, ne trouvent pas cela banal et se demandent sincèrement comment agir. » Justement, l’action est le cœur de SOS Méditerranée. Et le cœur de cette action, c’est l’Aquarius, un ancien navire garde-côte allemand, qui part en mer à la recherche d’embarcations en difficulté. Avec une capacité d’accueil de cinq cent places, le quota est souvent dépassé, jusqu’à plus de mille personnes il y a quelques mois. « Le plus délicat est quand on ne peut pas sauver tout le monde », raconte Jean-Yves. Et c’est un fait, l’Aquarius seul ne peut pas sauver tous les naufragés de la Méditerranée. Bien sûr, d’autres ONG, plus ou moins importantes, se mobilisent pour éviter les drames. Mais le chiffre reste sans appel : plus de cinq mille morts en 2016 face aux eaux territoriales libyennes. « Et une trentaine de morts au moment du G7 fin mai », ironise Jean-Yves. « Bien sûr, on aimerait être davantage soutenus, poursuit Sabine. Actuellement, nous fonctionnons à 98 % sur la base de dons. »
Au quotidien, l’association agit à plusieurs endroits du territoire. « Ce ne sont pas forcément les villes en bord de mer qui sont les plus sensibles à la question », décrypte Jean-Yves. Même si, « à Marseille, l’impact est particulier, souligne Sabine, peut-être du fait de l’escale de l’Aquarius au port en février 2016. » L’occasion de se rendre concrètement compte de l’action de l’association. À bord, SOS Méditerranée est en partenariat avec Médecins Sans Frontières qui recrutent eux-mêmes médecins, sage-femmes et autres corps de métier. « Les places sont très limitées et l’équipe qui monte à bord le fait sur des compétences précises, humanitaires ou liées à la navigation. » À terre, l’action est loin d’être négligeable. Un réseau de près d’une centaine de bénévoles réguliers s’active pour faire avancer les choses. L’urgence reste le maître mot. Ici, c’est un bénévole cartographe, là, un doué en communication. Certains vont même jusqu’à organiser leurs propres événements en faveur de SOS Méditerranée. C’est le cas du Tour 13 initié et coordonné par l’association Nuits Métis, qui a mis en place dix-neuf soirées avec pas moins de quarante-cinq groupes différents (et bénévoles) de février à décembre 2017. Malgré son développement fulgurant, l’association souhaite ne jamais oublier qu’engagement rime avec fragilité. Elle n’oublie pas non plus d’où elle vient : de la plus grosse campagne de crowdfunding jamais remportée en France : 275 000 euros en quarante-cinq jours. C’est indéniable, la cause touche. Mais le combat est, hélas, loin d’être terminé.
Charlotte Lazarewicz
L’appel du 8 juin : le 8/06 à 20h au Théâtre de La Criée (30 quai de Rive Neuve, 7e).
Rens. : www.theatre-lacriee.com
Pour en (sa)voir plus : www.sosmediterranee.fr