L'art de la récup par Nicolas Vitellaro, Geneviève Dusser et Rémy Tassou
Les (bons) génies de la lampe
Trois artistes (Nicolas Vitellaro, Geneviève Dusser et Rémy Tassou) œuvrant à partir de matériaux de récupération exposent actuellement à Marseille. De ce point de départ commun éclatent bien des différences.
A tout seigneur, tout honneur : Tassou, qui expose à l’Espace Nautique, est celui dont l’activité est la plus reconnue. Combinant judicieusement des éléments de technologies modernes et l’idée très tendance de recyclage, de deuxième vie pour objets détournés, le concept « cybertrash » de ce descendant de César est complètement dans l’air du temps. On peut d’ailleurs se débarrasser — sur le lieu même de l’expo — d’appareils électroniques hors d’état. Signe de la réussite médiatique et commerciale — voire artistique — de Tassou, Karl Lagerfeld s’est récemment porté acquéreur d’une de ses œuvres, un Totem à côté duquel le styliste se fait parfois photographier. A l’opposé, près du Palais Longchamp, chez Alter Mundi, Geneviève Dusser bénéficie de l’invitation de Nicolas Vitellaro, l’exposant principal, pour glisser cinq lampes, le plus souvent assemblages de pièces mécaniques d’acier et de pièces de verre. Ces lampes, de bureau ou de chevet par leur taille, s’avèrent par leur facture à la fois modernes et anciennes, nouvelles et familières, propices à l’imaginaire. Leur créatrice les aime, et vous les présente sur catalogue en disant de celles qu’elle a vendues : « Celle-là, je ne l’ai plus ». Et voyant son travail, on se prend à partager ce sentiment. Cet amour de ce qui est fait, on le retrouve chez Nicolas Vitellaro, qui expose lui aussi des luminaires, pour la plupart à hauteur d’homme. Après vingt ans d’une vie professionnelle dans le commerce, il a décidé de faire à autrui ce qu’il a pensé bon de faire pour lui-même : de l’aménagement d’espace intérieur et de l’embellissement de lieux de vie. Après des années à façonner des métaux, il s’est mis à sculpter les volumes. Le besoin d’éclairages nouveaux se faisant sentir, il a entrepris d’en confectionner. Ce point de départ a conditionné sa démarche : Vitarello fabrique pour répondre à un besoin concret, à partir d’une base qui va donner son nom à la pièce qu’il élabore, sans chercher le moins du monde à verbaliser un concept. Ainsi, telle pièce à laquelle on peut donner plusieurs noms tant sa composition est évocatrice se nomme-t-elle Culasse, du nom de l’objet qui lui sert de socle. En plus de la ferronnerie, l’artiste sculpte aussi la lumière par le choix des ampoules, de leur orientation, de l’intensité de l’éclairage ou la création d’abat-jour, pour un résultat qui valorise autant l’espace éclairé que l’objet qui éclaire et diffuse autant de lumière que de plaisir. Ce qui s’avère tout à fait évocateur de ce qu’est le regard de Nicolas Vitellaro.
Frédéric Marty
Tassou – Sculptures cybertrash : Jusqu’au 28/03. Société Nautique, Pavillon flottant, 20 Quai de Rive Neuve, 7e. Rens. 04 91 54 32 03 / http://tassou.com
Nicolas Vitellaro (+ Geneviève Dusser) : Jusqu’au 30/04. Alter Mundi, 15 boulevard Montrichet, 1er. Rens. 04 91 08 53 99