L’Art renouvelle le Lycée

L’Art renouvelle le Lycée

De l’ombre à la lumière

Sous la houlette de Lyse Madar (Passage de l’art), la nouvelle édition de L’Art renouvelle le Lycée, le Collège et la Ville met cette année en lumière les parts d’ombre explorées par les pratiques artistiques contemporaines.

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L’Art renouvelle le Lycée, le Collège et la Ville poursuit son projet pédagogique et culturel en sollicitant conjointement la réflexion — par l’organisation d’un colloque et d’un thème orientant le regard — et l’insertion d’œuvres contemporaines dans les établissements scolaires de Marseille et des environs. Si nous sommes habitués à fréquenter au quotidien les images médiatiques pullulant dans la ville et bien souvent caractérisées par la transparence du message véhiculé, les œuvres présentées ici permettent de modifier ce rapport, en invitant à faire l’expérience de l’art, où l’opacité, la polysémie et l’ambiguïté ne sont pas à dissoudre, mais bien plutôt à explorer.
Soulignons quelques-unes de ces « parts de l’ombre » explorées par les artistes dans le cadre de la manifestation. Ils peuvent travailler l’apparition du visible, son déploiement et sa disparition dans et par la matière picturale — celle-ci peut être diluée, délayée en explorant la fluidité et les jeux de transparence tout en coexistant avec des zones d’ombre et d’opacité (Armelle de Sainte-Marie, Lili Heller) — ou à l’inverse affirmer son pouvoir couvrant par la succession des couches denses (Anne-Charlotte Depincé). Ce travail sur l’apparition du visible peut rejoindre celui sur l’apparition du sujet tel qu’il se déploie entre présence et absence, conscience et inconscience, rêve et réalité, matérialité et spiritualité, comme chez Marjorie Brunet Plaza avec sa série de photos Passage à l’infini. Ce sont donc aussi les rapports entre images « intérieures », comme les souvenirs, fugaces et impalpables, et les images extérieures visibles par tous qui problématisent les rapports entre lumière et obscurité (problématique de la mémoire et de l’inscription dans l’exposition Absence de Raoul Hébréard). Ainsi, l’art ne travaille pas pour montrer ses parts d’ombre et de lumière, il est un exercice de cette construction et en un certain sens, il reprend, amplifie et structure les tensions du sujet lui-même dans son rapport à soi et aux autres. L’art contemporain affirme ici son opacité et sa matérialité en donnant l’occasion au sujet non pas de se destituer en se confondant avec son image appréhendée sous l’unique mode de la transparence, mais bien plutôt de se constituer en tant que tel, en conférant une certaine clarté à ses zones d’obscurité.

Texte : Elodie Guida
Photo : Passage a? l’infini de Marjorie Brunet Plaza

Jusqu’au 17/06 dans divers établissements de Marseille et ses environs.
Rens. Passage de l’Art (Lycée du Rempart) : 04 91 31 04 08.