Acédie de Nicolas Pilard

L’Art renouvelle le Lycée, le Collège, la Ville et l’Université

La rentrée des artistes

 

Comme chaque année depuis vingt ans, le dispositif de l’ARL (L’Art renouvelle le Lycée, le Collège, la Ville et l’Université), initié par l’association Passage de l’Art et sa présidente Lyse Madar, déploie une manifestation d’envergure où l’art contemporain vient à la rencontre des publics scolaires.

 

Dans une vingtaine d’établissements concernés par le projet, de jeunes artistes plasticiens issus de la scène contemporaine sont venus à la rencontre du personnel enseignant et des élèves pour partager et mettre en lumière leur créativité et leur sensibilité. Un projet précurseur, qui est aujourd’hui rejoint à l’échelle nationale par les réformes politiques visant à repenser les dispositifs d’éducation artistique et culturelle. Le dialogue entre les artistes, les élèves et les professionnels de l’enseignement s’articule lors d’ateliers mis en place pendant le temps scolaire, et donnera lieu jusqu’à fin juin à une série d’expositions. Lors des vernissages qui ponctuent l’ensemble de la manifestation, curieux, parents d’élèves, professionnels et amoureux d’art contemporain sont invités à découvrir le fruit des travaux artistiques conçus in situ. Une bonne raison de venir pousser les portes de ces sanctuaires de l’enseignement, même si vous avez quitté les bancs du lycée depuis longtemps…
Cette année, le thème unificateur est celui des sept péchés capitaux. Afin d’étendre la réflexion sur le sujet, une conférence a même eu lieu fin mars, réunissant dans l’amphithéâtre de l’Alcazar des théoriciens, à la fois philosophes et professeurs émérites. Comme l’a souligné Lyse Madar dans son discours d’ouverture du colloque, ces fameux péchés capitaux, apparemment désuets si on se cantonne à leur définition théologique donnée par Saint Thomas d’Aquin, « restent encore aujourd’hui une référence culturelle stable et peuvent trouver dans notre société un terrain fertile à leur expression. » Dans le champ de l’art, ils nous ramènent aux questions toujours actuelles de la censure, de la transgression et de l’éthique. Finalement, quoi de plus éthique que de voir l’art pousser les portes des établissements qu’on imagine souvent comme rigoristes et peu fantaisistes, pour remettre l’artiste face à sa responsabilité d’acteur de la polis et gardien de la connaissance du sensible ? C’est ainsi qu’on pourra constater qu’au-delà des contraintes académiques, l’engagement des artistes et des élèves soutenus par les proviseurs et les enseignants a donné lieu à une production originale et multifacette. Des portraits réalisés lors des interventions de l’artiste irlandais Rony Sidon (ayant mobilisé une centaine d’élèves et professeurs) au vernissage de Tony Ceppi (prévu le 21 avril au lycée Leau, où des œuvres éphémères et gourmandes viendront titiller nos papilles), en passant par  la future exposition des Chépê Pitauca de Floriane Nobilet et des élèves du lycée Jean Perrin, c’est une production et une réflexion artistique vivante qu’il nous est donné de voir tout au long de cette manifestation.
Actuellement, les collages sauvages et les sérigraphies de Victor Coste, les peintures et les volumes de Nicolas Pilard, ainsi que les photographies de Françoise Beauguion, sont visibles dans les établissements qui les accueillent, et notamment le Lycée du Rempart, où siège la galerie du Passage de l’Art. Elles seront rejointes prochainement par une série d’autres expositions dont vous pourrez trouver le détail sur le site de l’association (ou celui de Ventilo). Une publication de catalogue venant clôturer et archiver l’événement sera mise à disposition des lecteurs intéressés, pour une autre vision de l’espace scolaire.

Morgane Lagorce

 

L’Art renouvelle le Lycée, le Collège, la Ville et l’Université : jusqu’au 10/06 dans les collèges et lycées de Marseille.
Rens. : 04 91 31 04 08 / www.lepassagedelart.fr