Latinissimo en danger : Fiesta déçue
Alors que nombre de disparitions ou de rémissions impossibles sont à craindre dans le milieu artistique, la cloche sanitaire n’est pas le seul danger qui plane sur la culture… L’alerte de la semaine, mise en lumière par Marsactu, concerne Latinissimo, structure porteuse de la Fiesta des Suds. Dans un même temps invitée par Euroméditerrannée à quitter son port d’attache des Docks et victime d’une coupe drastique des aides du Conseil départemental, l’association est sur la sellette. Synthèse.
La Fiesta des Suds, rendez-vous musical incontournable des prémices automnales à Marseille, a été créé en 1992. Fort d’un public fidèle et exponentiel, atteignant le nombre impressionnant de soixante mille spectateurs par exploitation, le festival s’est vu contraint d’annuler son édition 2020 pour cause épidémique. Loin des espérances individuelles et générales, l’année 2021 commence bien mal, et Latinissimo fait face à deux menaces de taille.
La première, ses murs. Installée depuis 1998 au Docks des Suds, l’association exploite la salle sans subvention mais en payant des baux précaires — au port autonome d’abord, puis à Euroméditerrannée. Ce dernier propriétaire a autorisé un ultime bail non renouvelable qui a pris fin le 31 décembre dernier. Plusieurs causes semblent s’entremêler : un retard de loyer d’un an de la part de Latinissimo, et le soutien d’Euroméditerrannée pour un projet immobilier porté par le créateur de l’école numérique La Plateforme sur le site du Dock. Alors que la directrice de l’établissement public clame un désir de sauvegarder des activités culturelles à travers ce nouveau projet, Latinissimo regrette de ne pas avoir été invitée à les repenser, ni à pouvoir s’exprimer sur ses conditions de relogement. La discussion est au point mort, les huissiers à la porte, et l’association réclame les deux millions et demi d’euros investis sur le site au fil des années.
Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, Latinissimo essuie pour son événement annuel, la Fiesta des Suds, une coupe monumentale de ses subventions : le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, principal financeur public de l’événement, a passé l’aide accordée de 460 000 euros en 2020 à 125 000 euros en 2021, soit une baisse de 73 %. Avançant l’argument d’une difficulté à assumer cette somme, l’institution départementale a cependant maintenu tout ou presque du budget annuel alloué à l’ensemble de la culture.
Sur fond de conflits politiques, l’organisation du festival déplore sa position de victime collatérale et voit se profiler un avenir plus que sombre, voire sa propre disparition.
Objective mais pourtant loin de s’avouer vaincue, la Fiesta des Suds lance un appel à l’État et aux autres collectivités territoriales. L’équipe sera reçue la semaine prochaine par Jean-Marc Coppola, adjoint à la culture de la Ville, qui exprime la volonté de préserver ce bel événement dans le paysage musical marseillais.
Les scénarios hallucinants et paradoxes criants pleuvent, et nous finirons décidément « tous à poil », dans cette dystopie sans fin. Le dégoût est tentant, mais la révolte indispensable !
Lucie Ponthieux Bertram
L’article complet de Coralie Bonnefoy pour Marsactu paru le 17 mars :
https://marsactu.fr/demenagement-force-et-subvention-sabree-ca-peut-etre-la-mort-de-la-fiesta-des-suds/