Le 16e, ce bout du monde, cet autre monde
De l’Estaque, dont le nom claque notre langue, on connaît le bord de mer, ses panisses et ses chichis, parfois le marché du samedi matin. On voit de loin les jeunes qui traînent le long de plage de Corbières et les sardinades l’été. Mais à l’un des bouts de la ville et de l’A55, à seulement douze minutes chrono du centre-ville en voiture et à parfois une heure avec le bus 35 (!) il y a d’autres noms, et d’autres réalités : Saint Henri, le Parc de la Pelouque, le Chemin de la Nerthe, Mourepiane, Saumaty… Ici, des gens vivent, familles d’anciens dockers, immigrés italiens, de Corse ou d’ailleurs qui travaillaient aux carrières de ciment, artistes et nouveaux arrivants à la recherche d’un Eden perdu entre la ville et la mer. La plupart de ces vies se déroulent dans des immeubles à peine plus petits que les grands ensembles voisins de la Castellane et de la Bricarde, voire dans des maisonnettes et cabanons. La vie n’y est pas plus simple, elle est juste très haute en couleurs et forte en gueule. Un condensé de ce Marseille qu’on n’a finalement connu que dans les films de Guédiguian, où Marius et Jeannette se trouvent de nouveaux visages.
JS