Le baiser de la femme araignée (Brésil/USA – 1985) d’Hector Babenco (Carlotta)
Fidèle à sa ligne éditoriale exemplaire, Carlotta sort ce mois-ci l’un des grands classiques du cinéma sud-américain, attendu depuis fort longtemps par les aficionados de ce film étrange, présenté comme un huis clos fantasmagorique : deux prisonniers politiques que tout oppose se retrouvent dans la même cellule. Hector Babenco, d’origine argentine, connait une vie de globe-trotter avant de s’installer au Brésil et d’entamer sa carrière de cinéaste. Il devient ainsi l’un des plus fins observateurs de la vague de violence et de pauvreté qui submerge le pays. A l’instar de son Pixote, portrait sans concession d’enfants brésiliens abandonnés à la rue, Le baisers de la femme araignée dépeint une réalité sociale quasi insoutenable, et ouvre les portes, comme seule sortie possible, d’un imaginaire débridé. Le film fait donc le grand écart entre un réalisme cru et de longs passages aux frontières de l’onirisme.
EV