Le handicap, c’est les autres

Dans Le Bal des intouchables, les Colporteurs viennent nous rappeler, avec humour et poésie, que le handicap se lit avant tout dans le regard de l’autre.

Dans Le Bal des intouchables, la compagnie Les Colporteurs met le public face à la réalité du handicap physique, que certains craignent comme la caste des Indiens intouchables, et sur lequel d’autres répandent des moqueries comme on colporte des ragots. Mais Antoine Rigot, paraplégique, metteur en scène du spectacle, réaffirme ici que l’infirmité n’est qu’une affaire de relativité (par rapport au regard de l’autre). Il lui suffit pour cela de nous faire tout d’abord entrer dans son intimité. Les spectateurs sont donc conviés à faire le tour de l’intérieur du chapiteau. Des tableaux humains, assez « lynchiens », se succèdent comme autant de fenêtres intrigantes vers la piste du cirque. Cette dernière sera « notre » salon, où sept mobiles circassiens enchaîneront les numéros autour et avec Antoine Rigot, accompagnés de quatre musiciens. D’un funambulisme lent ou saccadé à une escalade désarticulée sur un mât chinois, les artistes bravent l’impossible via des solos ou des performances de groupe. Des lignes s’entrecroisent à distance pour mieux se rassembler au sein d’une structure métallique rappelant une étoile de David à six branches — possible clin d’œil, d’un regard sur la différence à un autre. Un Bal comme une métaphore poétique de la vie, où l’on tombe pour mieux remonter. Sans filet.

Guillaume Arias

Le Bal des intouchables par la C^ie Les Colporteurs : jusqu’au 23/02 au Parc Chanot (Rond-point du Prado, 8^e), dans le cadre de Cirque en Capitales (MP 2013).
Rens. Théâtre du Gymnase : 04 91 24 35 24 / www.lestheatres.net / www.mp2013.fr

Pour en savoir plus : www.lescolporteurs.com