Banquet populaire

A la veille du week-end d’ouverture de MP 2013, l’équipe du OFF lançait officieusement les festivités avec son Banquet de Platon. Nous sommes venus, nous avons bu, en voici un rendu.

Depuis sa création en 2004, soit bien avant que Marseille ne soit officiellement déclarée Capitale (pour rappel), l’équipe du OFF a toujours pris un malin plaisir à devancer les institutions. Il était donc attendu qu’elle grille à nouveau la politesse au grand cérémonial d’ouverture, ce qui fut chose faite en ce vendredi 11 janvier, dans une friche inédite et réhabilitée du boulevard National. Ce soir-là, le monde s’est divisé en deux catégories : ceux qui y étaient, et ceux qui n’y étaient pas. Ou plutôt : ceux qui sont arrivés au bon moment, et ceux qui sont arrivés trop tard (ce vieux réflexe marseillais), car de passe-droit ou de guest list, il ne fut pas question (ce serait contraire au règlement). Cela pour dire que, comme vous le savez sans doute, l’affluence a été grande, beaucoup sont restés dehors, cohue, pagaille, fumigènes, et Alter OFF organisé dans un troquet sur le trottoir d’en face (le OFF ne serait plus assez OFF parce qu’il fraye avec le IN, donc il n’est plus IN mais il serait OUT, ce genre de choses). Par chance, les retardataires de la rédaction (partenaire) arrivent au moment où les plus jeunes s’en vont et leurs parents avec, ouf, on rentre. Et donc, première constatation à l’intérieur : ça brasse. Il y a de jeunes adultes venus avec leurs gosses, des gens qui ont un âge plus avancé, des Marseillais aux origines plurielles, de simples curieux heureux d’être ici, quelques branchés mais pas trop, des artistes intronisés parrains (Philippe Carrese, Julien Blaine, Rudy Ricciotti…), des politiques venus prendre leur température, et puis bien d’autres encore, tous venus pour célébrer une vision différente de la culture à Marseille, une culture de la débrouille mais qui a des idées, une culture qui place l’humain au cœur de son sujet. A l’étage, et après que Zaza la crieuse publique a donné le ton de la soirée en se faisant l’écho de quelques textes bien sentis, c’est Yvan Cadiou qui, entre autres fines bouches appelées à garnir ce fastueux Banquet de Platon, fait le show avec une performance culinaire haute en couleurs (et appuyée par des musiciens). Breton d’origine, Méditerranéen de cœur, épicurien par-dessus tout, il se lance dans un risotto de pennes géant qui lui permet de clamer haut et fort son amour de la bonne bouffe, celle que l’on prend plaisir à préparer pour ses convives, celle que l’on partagera ensuite pour se sentir bien plus vivants. L’ambiance est bon enfant, on mange, on boit, on tchatche, on paie sa pitance en gastons (la monnaie officielle du OFF) sonnants et trébuchants comme certains, parce que oui, on boit décidément beaucoup. Retour dans la grande salle du rez-de-chaussée, aménagée en dancefloor qui ne désemplira pas tout au long de la soirée. La bonne idée est d’avoir programmé trois Djs locaux qui, chacun dans leur registre, connaissent bien leur affaire : Oïl, Mr Pink et Djel. Une façon de dire que, même si les esthétiques musicales sont pointues, elles peuvent toucher tout un chacun lorsqu’elles se croisent dans un contexte inattendu. Totalement déridés par ces instants de célébration sans réel enjeu, les gens se parlent, dansent, se retrouvent, se découvrent, et festoient comme rarement on a eu l’occasion de le voir dans cette ville, décidément trop cloisonnée. Voilà peut-être le premier message fort lancé ce soir-là par le OFF : et si nous nous servions de cette grande opportunité pour mettre en avant nos petits particularismes, ne serait-ce que pour recréer du lien social, ce « vivre ensemble » qui nous échappe en même temps qu’il nous constitue ? Au lendemain de cette soirée qui en appelle nécessairement déjà d’autres, 400 000 Marseillais prenaient d’assaut le Vieux Port et le centre-ville. Ce fut un beau bordel, mais au moins, c’est un bordel qui nous ressemblait.

PLX

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Le Banquet de Platon, capturé par Arnaud Anquetil-Dickson

http://youtu.be/11gtVUnfuZM