De notre monde emporté de Christian Astolfi

C’est arrivé près de chez vous | Le Bruit du Monde

Ouverture de lignes

 

À l’occasion de la publication de ses tout premiers ouvrages, nous avons échangé avec Marie-Pierre Gracedieu, fondatrice de la maison d’édition Le Bruit du Monde, qui a choisi de s’implanter à Marseille, ville-monde et source d’inspiration infinie pour elle, son équipe et les auteurs qui les accompagnent.

 

 

Comment expliquer le métier d’éditeur, cette profession si spécifique liée à la passion des livres et l’amour de l’écriture ? Comment choisir un texte, le soutenir avec sa part de subjectivité et convaincre les autres de sa pertinence ? C’est une expérience empirique, unique et forte, qui s’acquiert au fil des lectures et des ouvrages. Sans compter les rencontres, les opportunités et une certaine dose de perspicacité…

Marie-Pierre Gracedieu est de ceux qui ont fait de leur passion un métier. Après un parcours imposé de scientifique, elle prend rapidement la tangente pour aller vers le milieu littéraire qu’elle affectionne depuis sa jeunesse. Passionnée de langues, particulièrement l’anglais, elle part outre-Atlantique pour travailler et faire découvrir des romans français en terre américaine. De retour en France, elle fait ses armes pendant une quinzaine d’années chez Stock et Gallimard, où elle va construire au fil du temps son identité d’éditrice, au travers de choix exigeants et de collections emblématiques (notamment de littérature étrangère).

Le projet de monter sa propre maison d’édition se concrétise avec la rencontre de Jean Spiri, le secrétaire général d’Editis, son plus précieux soutien. Avec ce projet, Marie-Pierre et son compagnon, Adrien Servières, lui aussi issu du milieu de l’édition, souhaitent développer une « vision du monde qu’on a jamais lue, une nouvelle voix pour exprimer des histoires qu’on n’aurait pas encore racontées, qu’on n’aurait pas vues ailleurs, via une maison d’édition petite mais ouverte sur le monde. » Il peut s’agir de romans, de récits narratifs, d’essais, mais ce qui compte, c’est d’être « projeté dans une réalité à laquelle vous n’étiez pas préparé et qui va vous transformer », « d’être emmené où vous ne pensiez pas aller », vers une singularité « qui résonne de façon universelle ». Ne manquait plus que le lieu. Et quel autre endroit que Marseille et son souffle particulier pour s’implanter, d’autant que le couple aime profondément la ville depuis de nombreuses années ? Le Bruit du Monde nait ainsi en pleine crise pandémique. Les locaux rue de Rome offrent lumière et espace à l’équipe de cinq personnes chargée d’accompagner tous ces beaux projets en devenir.

Les premiers romans publiés par la petite maison d’édition symbolisent à merveille les souhaits de ses créateurs : Maison Atlas d’Alice Kaplan sur la communauté juive d’Alger, ville traversée, comme la cité phocéenne, par les migrations et les brassages de populations ; Les Choses que nous avons vues d’Hanna Bervoets, qui vient interroger notre rapport aux nouveaux médias dans une forme dérangeante ; ou encore De notre monde emporté de Christian Astolfi, dans lequel l’auteur s’attache à évoquer, depuis les chantiers navals de La Seyne-sur-Mer, la force des trajectoires individuelles à l’ère de la désindustrialisation.

Rester à l’écoute du monde proche, comme les littératures ou les langues méditerranéennes, s’avère donc essentiel pour l’équipe en place, mais aussi regarder et écouter un monde plus lointain, au-delà des frontières. Tant que le bruit des auteurs apporte des émotions et des sonorités inédites…

 

Cécile Mathieu

 

 

Le Bruit du Monde : 68 rue de Rome, 6e.
Rens. : 06 38 74 58 84 / contact@lebruitdumonde.com / lebruitdumonde.com

À noter : le Bruit du Monde propose régulièrement des stages d’écriture.
Prochain rendez-vous : du 25 au 27/03 avec Véronique Ovaldé.