Ghost builders

Duo d’architectes, Delphine Borg et Billy Guidoni s’affranchissent des figures imposées avec leur collectif We Are Not From Kalamazoo, cherchant à donner un second souffle à Marseille via des projets urbains alternatifs.

Loin de l’urbanisme classique, Delphine Borg et Billy Guidoni, architectes formés dans la cité phocéenne et globe-trotteurs, s’inspirent de leurs voyages pour développer des projets audacieux entre urbanisme alternatif et culture. « A travers nos voyages, on a connu une citoyenneté plus participative et on a voulu l’appliquer à Marseille. Réfléchir ensemble à son potentiel et proposer des alternatives aux projets mis en place, en particulier pour l’année Capitale », résume Delphine.  Le duo a travaillé avec trois autres groupes d’architectes — Aïe Architectes, Ida + Bruno et Make It Happen  — pour faire émerger L’Alternative, un projet rassemblant dix-sept concepts d’équipements urbains disséminés à travers la ville, sur terre comme sur mer, exposés par deux fois l’an passé en partenariat avec le OFF. « Cela s’est fait assez naturellement, il y avait une véritable envie de notre part à tous de travailler sur Marseille et de chercher à lui donner un second souffle. Nous avons pris en compte le cadre de vie, la géographie et le climat, mais nous nous sommes aussi inspirés de nos expériences personnelles. » D’un poumon vert à la manière de Central Park à un circuit de F1 sur la route menant à Notre Dame de la Garde, en passant par un lieu d’exposition à ciel ouvert et les pieds dans l’eau des calanques, les architectes n’ont pas manqué d’imagination. « Certains projets ne sont pas réalisables tels quels mais permettent d’avoir une autre vision de certains lieux délaissés, voire abandonnés, alors qu’ils ont un potentiel non négligeable. D’autres en revanche pourraient être appliqués. » A contrario des immenses espaces qui ont vu le jour pour l’année Capitale, We Are Not From Kalamazoo privilégie des lieux à taille humaine, ouverts 24 heures sur 24 et modulables. « Pour 2013, la stratégie de Marseille était de se faire connaître à l’international et cela a fonctionné. Mais il faut aussi faire vivre la ville, et cela passe par l’utilisation et la mise en avant des atouts locaux. » S’il n’y a pas de retour des institutions pour l’instant, le collectif n’abandonne pas pour autant. « Il y a une émergence du côté des citoyens qui veulent reprendre les rênes de leur ville et qui réfléchissent déjà à des idées pour mieux la gérer. L’Alternative en fait partie je pense. » Cris du cœur ou cris d’amour pour la cité phocéenne, ces dix-sept projets sont pensés comme un cadeau aux Marseillais pour leur permettre d’envisager leur ville autrement, de se l’approprier et de la faire évoluer. « On est dans une logique de non finito, on continue de travailler sur le projet. On a vraiment envie de se projeter dans la ville pour, enfin, utiliser tout son potentiel. »

Aileen Orain

Rens. http://wearenotfromkalamazoo.blogspot.fr

Aïe Architectes
http://www.aie-architectes.com/aie-architectes/aie_architectes.html
Ida + Bruno
http://idabruno.eu.pn/
Make It Happen
http://makeithappen2k13.blogspot.fr