Le festival Empreintes Libres
Vous êtes bien urbains
Comment regarder et vivre l’espace public aujourd’hui ? Dans la cité phocéenne, les frontières sont poreuses entre le privé et le public, comme s’il existait une garde alternée de l’espace. Pourtant, ces lieux de tous sont délaissés de nos regards pressés qui ne font plus que les traverser. Le collectif Lieux Communs propose de s’arrêter un instant et de penser une nouvelle manière de voir ces rues, places ou chemins partagés.
C’est un projet de fin d’étude qui tourne bien. Jeunes diplômés de l’IMPGT (Institut de management public et de gouvernance territoriale d’Aix-Marseille), Anne Berron, Loïc Colomb, Johan Dupuis, Coralie Berruyer et Charlotte Phillipon sont à l’origine du festival Empreintes Libres sur la réappropriation artistique de l’espace public urbain et numérique. En trois jours, ils interrogent le rapport de l’individu à l’espace public à travers une pluralité de pratiques artistiques, plus ou moins affiliées à la street culture. On pourra donc admirer un graff végétal, en accord avec la mouvance de végétalisation des rues marseillaises, déambuler devant les clichés de Renaud Gajda ou la poésie urbaine de Sean Hart, prendre en photo la ville avec la technique du sténopé, mais également capter le pouls de la cité pour faire un film de ses bruits, de ses sons et images que les citadins connaissent si bien. Et parce que l’espace public et l’ère/l’aire du numérique sont étroitement liés, le festival propose un réseau wifi fermé, un « internet participatif » qui permettra un échange de connaissances, à l’image de la place du village d’autrefois. Cédric Bernadotte fournira le mobilier fabriqué avec du film plastique et à partir d’éléments urbains existant : une autre manière de vivre l’espace en s’y installant confortablement.
La fine équipe n’en est pas à son coup d’essai : dans le cadre du Parking Day (mouvement international qui propose d’occuper une place de parking pour sensibiliser les passants à cet espace public), elle avait investi un bout de la Plaine et y avait proposé de s’initier au sténopé pour regarder sous un angle nouveau ces instantanés de ville que l’on ne fait que frôler. Au-delà de l’espace public réel, il s’agit également de parler de culture numérique, celle qui couvre nos murs virtuels. Et de se demander si elle est encore libre.
Voué à se promener, le festival ira interroger l’espace d’autres cités, prendre le tempo d’autres rues, et peut-être revenir pour une deuxième édition.
Bérengère Chauffeté