Hyères encore !

Tandem a ce don de figer le temps, à chaque édition du festival Faveurs de Printemps. Les yeux fermés, nous réservons tous les ans ce créneau planant dans nos agendas débordants. Vapeur inversée, c’est désormais dans la brume qu’avance, comme tant d’autres, l’événement musical d’Hyères. Dans l’attente de lendemains meilleurs, cette dix-septième édition — en ligne — promet la douceur d’instants suspendus et l’oubli momentané des quotidiens déçus.

Depuis 2005, le festival Faveurs de Printemps se place au rang des événements musicaux incontournables de nos saisons fleuries, grâce à un savant mélange de styles ; l’événement pop-folk hyérois flirte délicatement et intelligemment avec le rock, la musique du monde et l’électro. Au rythme des talents reconnus et autres découvertes d’émois, le public fidèle et impatient gonfle chaque année, et les dates affichent facilement complet. Le choix des lieux de diffusion des concerts y a sa part de responsabilité : l’intime et magnifique église anglicane d’Hyères accueille tous les ans la folk acoustique d’artistes oniriques, tandis que le Théâtre Denis, bâtiment culturel construit au XIX^e siècle, promet de jolies soirées rythmées et amplifiées. Grâce à sa volonté de garder une échelle humaine et curieuse au fil des éditions, le festival nous fait la faveur de ses choix de cœur.

À ce tableau enchanteur vient inéluctablement s’opposer la plaie (béante) épidémique. Après l’annulation forcée de sa seizième édition en avril 2020, puis celle, désolée, de ses Faveurs d’Automne en octobre dernier, la SMAC varoise a d’abord espéré pouvoir accueillir de nouveau du public ce printemps, et a dû, une fois de plus, repenser son événement.

Depuis le 16 et jusqu’au 30 avril, l’association propose une série de jolis concerts en ligne, filmés dans les deux lieux qui luis sont chers. Pour la somme symbolique et solidaire de cinq euros, les internautes ont pu jouir le 16 avril dernier des voix folk de Violet Arnauld et Queen of the Meadow, et ressentir à distance les vibrations intenses des murs sacrés de l’église anglicane.

Ce vendredi 23 avril, c’est une soirée pop qui sera retransmise depuis le Théâtre Denis, avec les mots ajustés de Tristen, que l’on a pu entendre en duo avec La Féline. Cette dernière ayant malheureusement dû annuler sa participation au festival, nous aurons le plaisir de découvrir un live de l’entêtant et réputé groupe Catastrophe, dans une version « nue ».

Pour clore en beauté ces rendez-vous en aparté, rien de tel qu’une envolée psychédélique, orchestrée par les Toulousains de The Crumble Factory, dont l’indie pop titille joyeusement notre amour du rock indé. Puis, tel un long courrier vers la sérénité, la voix ensorceleuse et charmeuse de The Feather nous bercera, réveillant les doux rêveurs que nous oublions trop souvent d’être, faute de bien-être.

Une fois n’est pas coutume, la culture en a sous le coude. Aux coups bas qu’elle reçoit, elle répond à hautes voix avec esprit, talent et dévouement.

Lucie Ponthieux Bertram

Pour en (sa)voir plus : https://www.faveursdeprintemps.com/